Le colono funkeiro et la gaúcha baladeira : pratiques culturelles des jeunes de l'agriculture familiale et recomposition des territoires ruraux au Sud du Brésil
Auteur / Autrice : | Hélène Chauveau |
Direction : | Claire Delfosse, Valmir Luiz Stropasolas |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Geographie, aménagement et urbanisme |
Date : | Soutenance le 11/12/2017 |
Etablissement(s) : | Lyon en cotutelle avec Universidade federal de Santa Catarina (Brésil) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire d'études rurales (Lyon) - Laboratoire d’Études rurales LER-SEREC |
établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Martine Droulers |
Examinateurs / Examinatrices : Yannick Sencébé | |
Rapporteur / Rapporteuse : Maria-Jose Carneiro, Dominique Crozat |
Résumé
Notre thèse aborde la conjonction entre trois thématiques que les recherches et les acteurs de terrain excluent souvent mutuellement : les jeunes, le milieu rural, les pratiques culturelles et de loisir. Notre problématique est de comprendre comment les pratiques culturelles des jeunes ruraux d'une part, et la recomposition des territoires ruraux au Sud du Brésil d'autre part, s'influencent réciproquement. Les premières sont entendues comme la partie culturelle des pratiques développées par les jeunes durant leur temps libre et la seconde recouvre l'ensemble des éléments permettant d'évoquer une ressignification et une requalification profonde des territoires ruraux. Trois hypothèses sont testées : 1/ les pratiques culturelles sont mobilisées dans les expériences des jeunes ruraux comme une réponse à une crise multifactorielle des milieux ruraux ; 2/ chaque configuration spatiale et profil territorial influe sur les représentations, les moyens et les formes d'action des jeunes ; 3/ les territoires ruraux sud-brésiliens connaissent un processus de recomposition, dans lequel les rôles socio-économiques, culturels, politiques et symboliques des territoires ruraux sont modifiés par les usages de la jeunesse, en particulier par leurs pratiques culturelles.Leur migration vers les villes étant une préoccupation constante des acteurs locaux et des observateurs, les jeunes de 18 à 28 ans, qui sont restés ou allés vivre en milieu rural, sont l'objet principal de ce travail. La façon dont ces jeunes mettent en place et mobilisent leurs pratiques culturelles avec les contraintes imposées par les territoires ruraux sud-brésiliens choisis (manque d'infrastructures culturelles, difficultés pour la mobilité, pressions sociales, conflits de génération, problématique du genre), permet de comprendre comment elles influencent et sont influencées par les recompositions en cours sur ces mêmes territoires. Le Sud du Brésil possède une agriculture familiale forte, ainsi l'image et les fonctions attribuées aux espaces ruraux y ont rapidement évolué au cours des dernières décennies. Dans le même temps, si les pays développés misent sur la culture pour redéfinir leurs capitales et anciens bassins industriels, le rôle de la culture dans les espaces ruraux et agricoles, a fortiori ceux des pays émergents, est négligé. Pourtant, ces derniers se trouvent actuellement devant des choix de société incluant une recomposition des territoires ruraux, que les jeunes rencontrés envisagent comme des espaces de possible.Ce travail de géographie utilise principalement des méthodes de géographie sociale rurale (entretiens, cartographie des données) liées à celles de la sociologie qualitative (récits de vie, observation participante). D'un point de vue du terrain, la démarche comparative permet d'aborder la question de l'influence de certaines caractéristiques du territoire sur notre problématique, avec trois terrains différents, bien que tous situés dans la région Sud du Brésil (Rio Grande do Sul et Santa Catarina). La diversité ainsi que l'unité de problématique qui traverse ces trois territoires permet d'élaborer une typologie reliant les échelles d'appartenances des jeunes et la façon dont ils mobilisent les pratiques culturelles pour les alimenter. Ils ont tous dans leurs parcours de vie été confrontés au départ en ville, mais sont là et s'investissent dans la vie sociale de leurs communautés car elle est la raison de leur choix. Les pratiques culturelles qu'ils développent (théâtre, musique, danse, bals activités traditionnelles, telles que rodéos ou olympiades rurales), leur permettent de s'identifier à une ruralité toujours recomposée, recréée parfois, réinventée souvent. Les actions des mouvements sociaux, des politiques publiques, du secteur privé ou des associations dans ce domaine ont pour objectif de mobiliser les jeunes à des fins diverses. Les jeunes, quant à eux,souhaitent simplement mettre en place des alternatives pour s'approprier leurs lieux ...