Thèse soutenue

Contribution des organisations non gouvernementales au développement social et économique du Mali : période 1960-2012
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Auteur / Autrice : Moise Diawara
Direction : Gilles Herreros
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 05/10/2017
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre Max Weber (Lyon ; Saint-Étienne ; 2011-....)
établissement opérateur d'inscriptions : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Jury : Président / Présidente : Bruno Milly
Examinateurs / Examinatrices : Odile Journet
Rapporteurs / Rapporteuses : Raymond Mayer

Résumé

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On ne peut combattre sérieusement les difficultés économiques que connaît le Mali sans une prise en compte des paramètres socioculturels des bénéficiaires des différents projets de développement car ceux-ci ont en eux des acquis qui peuvent être des facteurs déclencheurs ou des freins à tout processus de développement local. L’humanitaire est à la croisée de la générosité de ses membres et de l’insuffisance de l’action politique dans un pays. Le Mali ne saurait être à la marge et se trouver dans une situation socioéconomique et politique qui requiert des appuis extérieurs pour résoudre ses différents problèmes existentiels et conjoncturels. Dans ce contexte, les ONG sont devenues les opérateurs du développement, quasiment à la place de l’Etat au Mali. Les résultats de cette situation paraissent mitigés ; d’où le sentiment d’une grande dépense d'énergie pour des maigres résultats ? Pourquoi, nous Maliens avons du mal à nous approprier la notion de développement (économique et social) ?Dans la situation actuelle, nous sommes face à des difficultés pour comprendre les questions de développement, pendant que les ONG et leurs partenaires étrangers agissent, et définissent leurs actions à partir de points de vue stéréotypés. Le Mali a subi des influences extérieures depuis la colonisation (colonialisme sous influence française, socialisme sous influence chinoise, libéralisme sous influence de la Banque mondiale et des institutions internationales comme le FMI) qui l’ont empêché de concevoir un modèle de développement propre à lui, adapté à son cadre de références culturelles. Ces facteurs évoqués ci-dessus ajoutés à ceux environnemental et climatique entretiennent les populations dans un état de pauvreté et classe le Mali selon l’indice de développement humain des nations unies 2012 au 175ème rang sur 182, au niveau mondial, malgré les ressources dont il dispose. Les données de la banque mondiale indiquent que le revenu brut national par habitant est de 649 dollars US, soit 616 euros. La pauvreté se mesure par deux dimensions : pauvreté matérielle et pauvreté en termes de relations sociales. Autrefois comme aujourd’hui (cf. rapport du PNUD du 3 au 4 juin 1999) tous les observateurs extérieurs sont frappés par la richesse des relations sociales entre personnes au Mali. Cette situation favorise l’intervention des ONG et leur permet de réaliser des actions concrètes (infrastructures, appui conseil) qui manquent cruellement aux populations. Cependant, dans leur intervention, elles ne prennent pas assez en compte la complexité des schémas socioculturels, leur incidence et surtout la question de l’appropriation des réalisations par les habitants et de leur cadre social ; elles finissent souvent par être rejetées car étant en contradiction avec ce cadre. Ainsi, le processus de développement au Mali peut être freiné par le poids important de la culture. Au Mali, la socialisation des enfants se déroule en 3 étapes de 0 à 16 ans. Son contenu réfère à une vision de l’homme dans la culture malienne qui diffère en partie selon les spécificités des différents groupes d’appartenance. Elle tend à produire in fine un individu en partie libre, en partie inscrit dans un corps social où il doit jouer le rôle qui lui a été assigné. Devenir adulte, c’est prendre sa place dans la famille rapprochée, dans sa famille élargie, dans son village, son peuple d’appartenance, selon des critères culturels complexes et précis. Ces paramètres constituent des cadres qui s’imposent à l’individu malien lorsqu’il participe à des initiatives de développement. S’il tente d’élever son niveau scolaire, d’améliorer sa situation économique, c’est pour mieux jouer son rôle dans un cadre « traditionnel », entre contrainte et liberté. Or souvent, quand les ONG interviennent dans le champ de l’éducation ou du développement local, elles n’ont pas en tête les subtilités de la socialisation des enfants et ses interactions possibles avec le parcours scolaire....