Thèse soutenue

Aléas et devenirs du lien mère-fille à l'épreuve de la vieillesse et de la mort de la mère

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Auteur / Autrice : Monique Letang
Direction : Jean-Marc Talpin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 17/02/2017
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Éducation, psychologie, information et communication (Lyon ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre de recherches en psychopathologie et psychologie clinique (Bron, Rhône ; 1993-...)
établissement opérateur d'inscriptions : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Laboratoire : Centre d’Etudes et de Recherches en Psychopathologie et Psychologie de la Santé
Jury : Président / Présidente : Georges Gaillard
Examinateurs / Examinatrices : Janine Altounian
Rapporteurs / Rapporteuses : Benoît Verdon, Sylvie Le Poulichet

Résumé

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Dans ce travail de recherche, le lien mère-fille est interrogé au cours du temps à partir d'observations cliniques et d'exemples pris dans la littérature et le domaine artistique. Ce passage par les différentes étapes et aléas de la vie vient éclairer le devenir de ce lien, plus particulièrement au moment de la vieillesse de la mère et à l'approche de sa mort. Le thème de la rencontre est central et se déploie autour des différentes rencontres avec la psyché et le corps maternels qui balisent la construction identitaire et narcissique de la fille. Tout comme l'environnement qui revêt parfois un caractère inhibiteur, l'ombre des différentes figures féminines et maternelles pèse de tout son poids sur cet édifice. On constate combien la puissance du lien originaire qui unit les mères et les filles peut persistermalgré le temps et les investissements libidinaux réalisés de part et d'autre. Ce lien est encouragé, voire valorisé, par l'entourage familial, sociétal et mis en relief dans les productions littéraires et les représentations picturales. Ainsi, c'est une entreprise difficile pour la fille de se dégager de l'ombre et du primat du maternel pour accéder à une position subjective féminine apaisée.La vieillesse de la mère et l'approche de sa mort sont des occasions de revisiter le lien premier à la faveur de la résurgence d'angoisses, de fantasmes pré-oedipiens et oedipiens. La haine et l'ambivalence sont souvent perceptibles même si l'on remarque qu'elles sont majoritairement contre investies comme elles peuvent l'être entre une mère et son nourrisson.La rencontre avec la vieillesse de la mère, avec le corps de cette dernière se révèle parfois traumatique à la faveur de la résurgence de l'archaïque, du pulsionnel accompagnée de sentiments négatifs. Dans notre société, ce sont les femmes qui s'occupent principalement des personnes âgées et la violence qui leur est faite est largement sous-estimée, violence d'autant plus grande pour les filles qui ne sont pas protégées comme les fils par l'interdit du toucher. A un amour maternel largement encensé, la fille se doit de répondre par un investissement sans faille.Cependant, il existe une autre voie, plus tendre, qui met de côté toute idée sacrificielle si elle est bien tempérée. L'attention de la fille à l'égard de la mère prend alors la forme d'une « préoccupation maternelle tertiaire », la fille revivant de façon inversée la préoccupation qui a été celle de sa mère dans les premiers mois de la vie. La dépendance réelle ou fantasmée de la mère âgée vient, elle aussi, favoriser ce mouvement de renversement, la fille devenant la mère de sa mère.Acceptation ou refus marquent de part et d'autre cette ultime passage où la fille consent ou pas à prendre le rôle « d'objet clé » et où la mère lui confie ou pas ce rôle précis. Cette dernière mise en présence permet une reprise intégrative des expériences de perte, de séparation et de double mouvement de sevrage du lien.