Thèse soutenue

Analyse épidémiologique des arrêts cardiaques traumatiques,quelles implications pour les recommandations internationales?
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Auteur / Autrice : Joséphine Escutnaire
Direction : Hervé HubertKarim Tazarourte
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Epidémiologie
Date : Soutenance le 13/09/2017
Etablissement(s) : Lille 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Biologie-Santé (Lille)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'Etudes et de Recherche en Informatique Médicale (Lille) - Santé publique : épidémiologie et qualité des soins-EA 2694
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Karim Tazarourte

Résumé

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Le pronostic des victimes d’arrêts cardiaques traumatiques (ACT) est considéré comme très péjoratif et la « futilité » d’une réanimation est souvent évoquée chez ces patients. Les recommandations internationales concernant leur prise en charge font l’objet d’un réel débat. L’objectif de cette thèse est de fournir des données épidémiologiques à grande échelle de ces patients, de leur prise en charge et de leur survie afin d’orienter les recommandations.Matériel et Méthode : Etude nationale multicentrique basée sur les données du Registre national français des arrêts cardiaques (RéAC). Tous les ACT survenus entre le 01/07/2011 et le 01/01/2016 dont les données étaient disponibles dans la base RéAC étaient inclus. La première étape consistait en la description de la population. La seconde partie consistait en la comparaison de la population d’ACT à une population d’AC médicaux (ACM) avant et après appariement sur score de propension.Résultats : Sur la période choisie, 3303 patients ont été inclus. Trois quarts des victimes d’ACT étaient des hommes et l’âge médian était de 45 ans. L’ACT survenait hors domicile dans 75,9% des cas. Un témoin était présent lors de l’AC dans 54,3% des cas mais ils n’initiaient une réanimation cardiopulmonaire (RCP) que chez 31,8% des victimes. A l’arrivée du SMUR, 86,9% des patients étaient en asystolie, 5,9% présentaient un rythme sans pouls, 1,4% un rythme choquable et 5,8% une activité efficace. Une RCP spécialisée avait été initiée chez 71,3% des patients, au décours ou à l’issue de laquelle 16,5% avaient eu une reprise d’activité cardiaque spontanée. A l’admission, 14,5% étaient en vie. A J+30, 1,5% (n=51) avaient survécu dont 67,4% avec un bon pronostic neurologique. Parallèlement, 48 patients (1,4%) avaient fait l’objet d’un prélèvement d’organes: à cœur arrêté (n=8) ou sur patient en état de mort encéphalique (n=40).Sur la même période, 42628 ACM ont été inclus. Cette population était statistiquement plus âgée, plus féminine et l’ACM survenait davantage à domicile. Les patients étaient plus pris en charge par les témoins, les pompiers et le SMUR. A l’admission comme à J+30, les victimes d’ACM survivaient plus (OR des ACT respectivement 0,629[0,570;0,695]; p<10-3 et 0,253[0,191;0,335]; p<10-3). Après appariement, 2449 paires ont été obtenues. Ainsi, sur populations appariées, les victimes d’ACT survivaient statistiquement moins que les victimes d’ACM. Leurs chances de survie étaient 2,4 fois moindres à l’admission (OR : 0,416[0,359;0,482]; p<10-3) et 6 fois moindres à J+30 (OR : 0,168[0,117;0,241]; p<10-3).Discussion : Les caractéristiques des victimes d’ACT incluses sont comparables à une partie du corpus bibliographique, notamment européen. On constate des faiblesses dans la chaîne de survie qui ont été évoquées par ailleurs. Les taux de survie sont faibles, parfois même en comparaison de la littérature. Cependant, on retrouve des survivants, quels que soient le rythme et les caractéristiques lésionnelles, fait contestant, en particulier, la bibliographie américaine ainsi que les recommandations en découlant. Toutefois, dans un contexte quasi-expérimental, les chances de survie des ACT étaient significativement inférieures aux ACM, contredisant certaines des rares études antérieures. Ainsi, les recommandations européennes qui soulevaient ces lacunes peuvent bénéficier de ce nouvel apport. Les ACT ont des taux de survie significativement inférieurs aux ACM toutes choses égales par ailleurs. Néanmoins, ils suggèrent qu'il n'est pas « futile » de proposer une RCP préhospitalière pour ces patients. Les résultats nous permettent de nous positionner davantage dans le sens proposé par les recommandations européennes qu’en celui proposé par les Etats-Unis. Toutefois, ces nouvelles données pourraient permettre de les affiner. Enfin, Il est important de garder à l’esprit que le don d’organe n’est pas anecdotique dans cette jeune population.