Thèse soutenue

Approche agro-écologique de la gestion du parasitisme en élevage : application en système cunicole biologique
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Auteur / Autrice : Héloïse Legendre
Direction : Thierry GidenneHervé Hoste
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Pathologie, Toxicologie, Génétique et Nutrition
Date : Soutenance le 24/11/2017
Etablissement(s) : Toulouse, INPT
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences écologiques, vétérinaires, agronomiques et bioingénieries (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Génétique Physiologie et Systèmes d'Élevage (Castanet-Tolosan, Haute-Garonne ; 2014-....)
Jury : Président / Présidente : Enrique Blas
Examinateurs / Examinatrices : Thierry Gidenne, Hervé Hoste, Eliel Gonzalez-Garcia, Sophie Prache
Rapporteurs / Rapporteuses : Enrique Blas, Veronika Maurer

Mots clés

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Résumé

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L’étude des interactions entre système fourrager, santé et croissance des lapins contribuera à proposer de nouvelles pratiques pour des systèmes d’élevage cunicole alternatifs, tels que ceux en agriculture biologique (AB) incluant une gestion intégrée de la santé. Mais cette stratégie est limitée par le manque de références sur la cuniculture AB, i) sur l'alimentation au pâturage (ingestion de fourrages verts, qualités nutritionnelles pour les lapins, etc) ; et ii) sur les risques sanitaires notamment le parasitisme, identifié comme un frein important au développement de la cuniculture AB. L’emploi de plantes riches en tannins condensés (TCs) comme le sainfoin, permettrait de diminuer l’utilisation d’antiparasitaires comme cela a été montré chez les petits ruminants, tant pour la gestion des nématodes que celle des coccidies. Mais le potentiel d’activité des TCs chez le lapin, tout comme le niveau d’ingestion et les performances de croissance, restent à explorer, et pourra servir la cuniculture AB et conventionnelle. Ce travail de thèse a pour objectif i) d’étudier l’intérêt du sainfoin comme ressource pour l’alimentation du lapin, et pour ses propriétés antiparasitaires, ii) définir le niveau d’ingestion au pâturage des lapins et les conséquences sur la production et iii) d’évaluer, le risque parasitaire au pâturage pour des lapins en production. Nous avons montré qu’un aliment enrichi en sainfoin distribué à partir du sevrage, avec une teneur en tannins de 1,8% d’équivalent d’acide tannique, n’a pas réduit l’installation de L3s de Trichostrongylus colubriformis, ni la fertilité des vers adultes, mais a réduit le potentiel d’éclosion des oeufs (-27 points), contribuant à réduire l’infestation de l’environnement. Un aliment enrichi en sainfoin contenant 1,2% d’équivalent d’acide tannique, distribué aux mères et aux lapins en croissance a eu un effet coccidiostatique : l’excrétion oocystale fécale de lapins nourris avec un aliment enrichi en sainfoin a été réduite de 60% par rapport à ceux ayant reçus l’aliment témoin. Si la réduction de l’excrétion oocystale de l’espèce Eimeria magna n’a pas pu être démontrée, en revanche, la réduction d’oocystes toutes espèces confondues dans l’environnement pourrait contribuer à diminuer le risque de coccidiose en élevage. Comparé à la luzerne, le sainfoin, plus riche en lignines, a une forte concentration en énergie (11,2 MJ/kg) et en protéines digestibles (110 g/kg). Au pâturage, lorsque la quantité d’herbe offerte dépasse 85 g MS/kg0,75, il semble que l’ingestion d’herbe soit régulée d’une part lorsque la teneur en énergie digestible de l’herbe dépasse 9 MJ/kg (régulation chémostatique), ou d’autre part si la teneur en lignocellulose (ADF) dépasse 350 g d’ADF/kg (régulation physique : encombrement digestif). Mais la quantité d'herbe disponible dépasse rarement 85 g MS/kg0,75. C’est-à-dire que dans la majorité des cas, une surface pâturable de 0,4 m² (minimum réglementaire) n’a pas permis de combler la capacité d’ingestion et les besoins énergétiques de lapin en croissance. De plus, si l’offre d’herbe est limitante, le lapin ne peut pas exprimer une préférence alimentaire vers des plantes plus jeunes et riches en protéines. La limitation de l’ingestion de protéines a aussi pour conséquence de réduire les potentialités de croissance des lapins et d’allonger la période d’engraissement. Au cours de trois saisons successives de pâturage (université de Perpignan), la pression parasitaire (nématodes et coccidies) a augmenté, avec des infestations par Trichostrongylus sp. et de Graphidium strigosum. Si le délai d'attente entre deux pâturages n’a pas eu d’effet visible sur l’infestation par des nématodes, cela influerait le niveau d’infection par les coccidies. Nos travaux établissent l’intérêt de l’incorporation du sainfoin dans l’alimentation du lapin et ouvrent des perspectives pour établir des pratiques innovantes et bénéfiques à la production cunicole biologique et conventionnelle.