Thèse soutenue

Le sainfoin déshydraté - un modèle de nutricament dans la lutte contre les nématodes parasites des petits ruminants

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Auteur / Autrice : Elodie Gaudin
Direction : Hervé HosteCécile Ginane
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Pathologie, Toxicologie, Génétique et Nutrition
Date : Soutenance le 16/05/2017
Etablissement(s) : Toulouse, INPT
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences écologiques, vétérinaires, agronomiques et bioingénieries (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Interactions Hôtes - Agents Pathogènes (Toulouse ; 2003-....)
Jury : Président / Présidente : Christophe Chartier
Examinateurs / Examinatrices : Hervé Hoste, Cécile Ginane, Christophe Chartier, Vincent Gerfault, Denis Bastianelli
Rapporteurs / Rapporteuses : Christophe Chartier, Christine Duvaux-Ponter

Résumé

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Les nématodes gastro-intestinaux (NGIs) sont une contrainte majeure en élevage des ruminants au pâturage. La méthode de lutte usuelle est l’utilisation de traitements anthelminthiques (AH) de synthèse. Cependant, la diffusion constante de résistances aux AHs dans les populations de NGIs chez les petits ruminants impose de rechercher des méthodes alternatives de maitrise. L’exploitation de plantes contenant des métabolites secondaires est une de ces options. Le sainfoin (Onobrychis viciifolia), une légumineuse riche en tanins condensés (TCs), est un modèle pour explorer le concept de nutricament = fourrage associant valeurs nutritionnelles et propriétés sanitaires (AH). Récemment, une filière de production de granulés déshydratés de sainfoin (GDS) s’est construite. Les avantages en sont : cultiver le sainfoin dans les meilleures conditions agronomiques possibles, favoriser la standardisation et la caractérisation des lots avant usage pour assurer leur distribution en élevages voire leur exportation. L’objectif général de cette thèse a été de fournir les informations scientifiques pour favoriser l’utilisation de GDS en élevage de petits ruminants. Il s’est décliné en 3 axes de recherche : Le premier axe visait à valider des méthodes simples de dosage des tanins et de leur activité biologique, pour caractériser des ressources avant usage, en se fondant sur des mesures biochimiques (méthode colorimétrique de Folin- Ciocalteu) et d’activité biologiques (complexation des protéines = méthode de diffusion radiale et activité AH = méthode du dégainement larvaire imitant le processus d’infestation in vivo). Les corrélations entre les diverses mesures montrent un lien entre la quantité de TCs et l’activité AH ainsi que l’intérêt de la méthode NIRS pour caractériser les différentes sources de sainfoin (GDS et fourrages). Le second axe visait à mieux définir sur la base d’études en conditions expérimentales contrôlées, les conditions optimales d’application des GDS en élevage. Une première série d’études a cherché à explorer 1) les effets AH combinés, liés à la concentration en TCs dans la ration et à la durée de distribution, contre divers stades (L3, vers adultes) d’espèces abomasales ou intestinales et 2) l’intérêt d’associer le sainfoin avec un AH de synthèse. Les résultats montrent 1) qu’un seuil minimum de TCs dans la ration doit être atteint et une période minimum de 15 jours de distribution est nécessaire pour altérer la biologie des nématodes (notamment la fertilité des vers femelles de Trichostrongylus colubriformis et le nombre d’Haemonchus contortus) et 2) qu’une utilisation dissociée d’un AH de synthèse (ivermectine par voie orale) est préférable en raison d’interactions négatives. Le dernier axe a visé à comparer la capacité d’ovins ou de caprins à moduler leur comportement alimentaire vis-à-vis de GDS en fonction de leur état parasitaire (capacité d'automédication). L’objectif était de vérifier les hypothèses suivantes : compte-tenu de leur moindre résistance envers les parasites et une plus grande propension à consommer des tanins, les caprins consommeront plus de sainfoin que les ovins ; les animaux fortement parasités exprimeront une préférence pour le sainfoin, et celle-ci augmentera au cours du temps. Les résultats de cet essai ont montré, dans le test de cafétéria, que 1) les chèvres préféraient le sainfoin et 2) une augmentation de la consommation en sainfoin au cours du temps chez les animaux parasités, sans toutefois devenir supérieure à celle des animaux sains. En revanche, ni les animaux parasités, ni les caprins n’ont montré de motivation plus importante pour obtenir la ressource riche en tanins dans le test de conditionnement opérant. Ces résultats montrent l’intérêt de l’utilisation de granulés de sainfoin en élevage, afin de compléter les AHs de synthèse et limiter le développement des résistances à ces molécules chez les NGIs.