Sauver les sauveurs : une sociologie politique de l’international sur la professionnalisation de la sécurité humanitaire
Auteur / Autrice : | Monique J. Beerli |
Direction : | Didier Bigo, Marco Giugni |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance le 01/12/2017 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques en cotutelle avec Université de Genève |
Ecole(s) doctorale(s) : | École de la recherche de Sciences Po (Paris ; 1995-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherches internationales (1952-.... ; Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Mathilde Bourrier |
Examinateurs / Examinatrices : Didier Bigo, Marco Giugni, Michael N. Barnett, Anna Leander, Béatrice Hibou | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Michael N. Barnett, Anna Leander |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Aujourd’hui, un discours dominant affirme que le travail humanitaire est devenu dangereux. Face à l’insécurité croissante, les organisations humanitaires ont développé de nouvelles politiques de sécurité afin de mieux protéger le personnel et les infrastructures. En se fondant sur la sociologie des professions d’Abbott, ainsi que sur la théorie du pouvoir de Bourdieu, cette thèse propose une sociologie politique internationale de la professionnalisation de la sécurité humanitaire. Afin de combler les lacunes des explications et des critiques de la sécurité humanitaire, ce travail examine les conditions de possibilités à l’émergence d’un microcosme de professionnels. Du fait de cette transformation de la division du travail, les humanitaires considèrent désormais que certaines des populations les plus nécessiteuses se trouvent au-delà des limites raisonnables du sacrifice. En comparant le coût de la perte d’une « vie d’humanitaire » à la valeur potentielle du sauvetage des vies, les humanitaires participent à l’intensification des inégalités mondiales. Les humanitaires ne contentent plus seulement d’atténuer la souffrance de lointains étrangers, mais ils contribuent aussi à redéfinir la notion de « populations dans le besoin », en les étiquetant comme « populations dangereuses ». Ainsi, la mise en place de la sécurité comme sens pratique de l’humanitaire inverse les impératifs humanitaires fondés sur le sauvetage des vies et sur la défense d’une humanité partagée. Tout en contribuant aux débats sur la sécurité humanitaire, cette thèse participe également à faire avancer les études sur les élites transnationales, sur la sécurité et sur les organisations internationales.