Action publique et justice dans le Chili post-dictatorial : Le traitement étatique des violences envers les femmes
Auteur / Autrice : | Fabiola Miranda perez |
Direction : | Martine Kaluszynski |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance le 15/11/2017 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Pacte, laboratoire de sciences sociales (Grenoble, Isère, France) |
Jury : | Président / Présidente : Olivier Ihl |
Examinateurs / Examinatrices : Jacques Commaille, Franck Gaudichaud | |
Rapporteur / Rapporteuse : Anne Revillard, Carolina Rojas Lasch |
Résumé
Depuis le retour à la démocratie au Chili en 1990, on assiste à un repositionnement des politiques à caractère social et des politiques qui cherchent à corriger les violations aux Droits de l’Homme commises pendant le régime autoritaire (1973-1990). De cette manière, l’objectif est de mettre en place une série d’instruments qui permettent la validation de la nouvelle démocratie tout au long des années 1990. Ainsi, dans ce contexte de reconnaissance des droits sociaux, le(s) mouvement(s) des femmes réussissent à intégrer dans l’agenda public leur demande de création d’une loi permettant la protection des femmes qui subissent des violences intimes de la part de leur partenaire : la loi de violence intrafamiliale de 1994. Sous une logique de protection sociale et de focalisation des politiques publiques, ce pays développe différents dispositifs qui font irruption de manière timide entre 1994 et 2004. Cependant, en 2005 une réforme du système de justice pénal et familial tout comme de la loi sur les violences intrafamiliales, permet la mise en œuvre d’une politique publique de prise en charge des violences faites aux femmes, qui met au travail différentes institutions et acteurs tant du secteur public que du secteur privé. Malgré ces dernières initiatives, les logiques de type assistanciel propres à un État néolibéral s’imposent peu à peu dans ce champ d’action, comme une manière de répondre aux inégalités. Ainsi, les situations de maltraitance que subissent les femmes seront mesurées en fonction du risque qu’elles représentent pour celles-ci et leurs familles, ou bien en raison de leur exposition aux situations de vulnérabilité.Partant des travaux sur les sciences du gouvernement (Ihl, Kaluszynski, Pollet, 2003), de la sociologie de l’action publique (Hassenteuffel, 2011 ; Lascoumes et le Galès, 2004 ; 2012), de la sociologie du droit et de la justice (Commaille et al, 2000), et des études sur le genre et les politiques publiques (Dauphin, 2010 ; Bereni et al, 2012), ce travail doctoral cherche à interroger la manières dont la politique publique de prise en charge des violences à l’encontre des femmes s’est configurée et légitimée au sein de l’État, notamment à l’intérieur des organismes de protection sociale comme le Service national de la Femme, et des institutions de justice (Tribunaux des affaires familiales, Ministère public, Tribunaux pénaux, entre autres). Grace à une méthodologie mixte de recueil de données, composée par des entretiens semi-directifs (67) réalisés avec des acteurs de la mise en œuvre de la politique publique mais aussi d’observations ethnographiques au sein des tribunaux des affaires familiales, l’étude s’intéresse à la relation qu’établit l’État avec les destinataires de l’action publique, sous l’objectif de comprendre comment les subjectivités des fonctionnaires ont des incidences sur le traitement des violences, s’établissant en elles-mêmes comme un dispositif de gouvernement de ces affaires. Elle rend aussi compte des modèles d’intervention sociale et du gouvernement du domaine social au Chili.