Thèse soutenue

La frontière franco-suisse au prisme de la coopération policière : normes institutionnelles et normes pratiques

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Auteur / Autrice : Sarah Girard
Direction : Anne-Laure Amilhat-Szary
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie - Sciences du territoire
Date : Soutenance le 14/06/2017
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Pacte, laboratoire de sciences sociales (Grenoble, Isère, France ; 2003-....)
Jury : Président / Présidente : Myriam Houssay-Holzschuch
Examinateurs / Examinatrices : Karine Bennafla, François Bonnet, Francisco Reto Klauser, Olivier Degeorges
Rapporteurs / Rapporteuses : Christian Leuprecht, Jacques de Maillard

Mots clés

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Résumé

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Dans les années 1990, la mise en œuvre de la libre circulation au sein de l’espace Schengen s’est accompagnée de la mise en place de mécanismes coopératifs entre États voisins en matière de police, de justice et de douanes. La coopération policière interroge quant à l’articulation des moyens et des acteurs dépositaires de la violence physique légitime de part et d’autre de la frontière nationale. Comment s’organise la coopération policière ? Sur quels mécanismes repose-t-elle empiriquement ? Que représente la présence de la frontière nationale, et qu’implique-t-elle pour les acteurs participant à la coopération sur le terrain ? A travers le cas d’étude de la coopération policière transfrontalière franco-suisse, analysé selon une approche qualitative, cette recherche transdisciplinaire interroge le rôle et la fonction de la frontière en tant que ligne de démarcation entre deux entités étatiques, sur le territoire de la métropole du Grand Genève. En retenant la distinction entre normes institutionnelles et normes pratiques, deux dimensions ont été retenues : les pratiques coopératives entre acteurs publics sur l’espace transfrontalier, et les pratiques de collaboration entre acteurs publics et privés sur un territoire éphémère, à travers le cas du Paléo Festival de Nyon, plus grand festival de musique en plein air de Suisse, situé à proximité immédiate de la frontière française. La thèse principale est que la frontière, au prisme de l’activité policière, est transcendée par des logiques économiques et professionnelles. Premièrement, la recherche montre que la coopération policière telle qu’étudiée ici est au service de la préservation des logiques économiques, au point où les tentations souveraines – tel que le rétablissement des contrôles systématiques aux frontières – s’étouffent d’elles-mêmes face à la force du marché. Deuxièmement, la compréhension du fonctionnement empirique de la coopération policière transfrontalière nécessite de tenir compte de la temporalité des enjeux de sécurité : le recours par les acteurs à des normes institutionnelles ou informelles varie en fonction de l’inscription des enjeux dans un temps quotidien, cyclique ou événementiel. Le recours aux normes informelles traduit l’adaptation des acteurs policiers à leur territoire d’intervention : ils deviennent ainsi des vecteurs de rapprochement entre les États, en participant à l’atténuation du différentiel frontalier que représente la frontière nationale. Bien que certains facteurs structurels contribuent à faire perdurer les discontinuités liées à la présence de la frontière nationale, il reste que cette dernière est désormais loin de jouer sa fonction initiale de démarcation intrinsèque, et cela même en matière de sécurité, qui reste compétence régalienne.