Thèse soutenue

Rome, l'inscription des violences politiques dans la ville au cours des années de plomb : (1966-1982)

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Auteur / Autrice : Domenico Guzzo
Direction : Marie-Anne Matard-BonucciSimone Neri Serneri
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 06/06/2017
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes (ComUE) en cotutelle avec Università degli studi (Sienne, Italie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire universitaire histoire cultures Italie Europe (Grenoble ; 2016-....)
Jury : Président / Présidente : Francesco Bartolini
Examinateurs / Examinatrices : Fabien Archambault, Andrea Baravelli, Danielle Tartakowsky
Rapporteur / Rapporteuse : Dominique Rivière

Résumé

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En s’inscrivant dans le récent sillage historiographique consacré à la dimension métropolitaine de la conflictualité armée, cette recherche a analysé les milieux et les formes urbaines de l'extrémisme à Rome dans l’après-68. Par une approche interdisciplinaire - qui a intégré l’apport de la philosophie, de l'urbanisme, de la sociologie, de la géographie urbaine, des sciences politiques - cette étude a reconstruit la relation entre le territoire urbain et la mise en œuvre d’une violence subversive, souvent à caractère meurtrier et terroriste, dans le cadre de la modernisation nationale activée par le ''boom économique'' (1958-1963) et des dynamiques propres à la « guerre froide ».On a porté une attention particulière à l’appréhension des processus de transformation idéologique et culturelle, mûris au sein de la « crise urbaine » affectant le mauvais et difficile développement de Rome dans l'après-guerre, qui ont permis à la première métropole italienne de devenir l'écosystème unique et catalyseur de cette conflictualité extrême, au-delà des simples facteurs géopolitiques (crise européenne de l'idée d'atlantisme) et socio-économique (explosion des luttes sociales pour la revendication de biens et services propres à la modernité consumériste).Cette étude est remontée aux facteurs de division caractérisant la structure, le tissu et l’ambiance de Rome. Il s’agit des clivages fondamentaux, en place dès le début de l’époque républicaine (1946), sur lesquels s’implantent ensuite, au lendemain du boom économique, les processus de radicalisation qui accompagnent les multiples luttes revendicatives - dans les domaines du quartier, du travail, des écoles et de l’Université - engendrées par une modernisation de la capitale brutale et déséquilibrée. Notre recherche a, de ce fait, démontré que les différentes « expériences d’antagonisme » muries au sein de cette vaste contestation sociale, ont servi finalement d’incubateurs où une partie de la militance extraparlementaire romaine, issue de la mobilisation soixante-huitarde, s’est initiée à différentes pratiques subversives (notamment les répertoires de l’illégalité de masse et de la guérilla clandestine).La prise en compte de tous ces niveaux et ces dimensions a fait ressortir les particularités de la violence politique déployée à Rome dans l’après-68, tout en attribuant la juste proportion au « poids » de la capitale d’Italie dans le déploiement à l’échelle nationale de la « stratégie de la tension » (1969-1974) et des « années de plomb » (1975-1982).Cette recherche s’est donc engagée dans la reconstruction d’un cadre historique global, mettant en connexion diachronique les faits et les dynamiques internes à la ville (d’ordre social, économique, culturel, idéologique, politique et urbanistique) avec le système étatique centré à Rome – marqué par les pressions du « rideau de fer », les lourdes séquelles de la dictature fasciste et de la guerre civile, la fragilité gouvernementale et le manque de cohésion nationale – le long des années de la modernisation et de l’entrée dans la société d’abondance en Italie.