Thèse soutenue

La construction sociale du marché du financement participatif en France
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Auteur / Autrice : Marine Jouan
Direction : Dominique PasquierValérie Beaudouin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 24/10/2017
Etablissement(s) : Paris, ENST
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Informatique, télécommunications et électronique de Paris
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut interdisciplinaire de l'innovation (Paris)
Jury : Président / Présidente : Jacob Thomas Matthews
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Pasquier, Valérie Beaudouin, Jacob Thomas Matthews, Alexandre Mallard, Josiane Jouët
Rapporteurs / Rapporteuses : Alexandre Mallard, Josiane Jouët

Résumé

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Depuis la fin des années 2000, les plateformes de financement participatif se développent en France avec la promesse d’une relation directe, désintermédiée, entre demandeurs de financement et financeurs, en facilitant l’accès aux fonds pour des porteurs de projet et en permettant aux Français de financer les projets de leur choix. Cette thèse vise à étudier ce phénomène à partir d’une enquête combinant observation ethnographique et entretiens menés auprès des différents acteurs qui se sont organisés pour faire exister et développer ce secteur d’activité. L’enquête montre que l’institutionnalisation du financement participatif en France résulte d’une action collective impliquant des professionnels du secteur, des représentants des pouvoirs publics, des partenaires de plateformes et des médias. Alors que les plateformes défendent un modèle d’auto-organisation et d’autonomie, il apparaît que le développement des plateformes n’aurait pas été possible sans l’intervention des pouvoirs publics qui ont créé un cadre juridique favorable au financement participatif, au nom d’une volonté de faire évoluer le rapport des Français à leur épargne et d’amener ces derniers à contribuer à la santé économique des entreprises dans un contexte de crise. L’enquête montre aussi que par-delà l’extrême hétérogénéité des trois modèles majoritaires de financement participatif étudiés (don/contrepartie, prêt et capital), un effort collectif est fait pour mettre en valeur les points communs et gommer l’hétérogénéité des secteurs concernés (d’un côté le monde de la création culturelle, de l’autre le monde de la finance). Les plateformes, en tant que dispositifs socio-techniques, cherchent à se présenter comme des instruments neutres qui favoriseraient un appariement naturel entre des demandeurs de fonds et des financeurs. Cette recherche montre au contraire que l’essor de ce modèle de financement est le fruit d’un travail marchand mené par les professionnels du secteur pour recruter deux types d’usagers sur leur plateforme : des demandeurs de fonds d’un côté et des financeurs de l’autre. L’enquête montre les arbitrages opérés par les plateformes entre une logique de volume et une logique de qualité. Pour réduire le risque, les plateformes mettent en place des systèmes de qualification et de sélection des projets, souvent importés de la finance traditionnelle, qui entrent en contradiction avec les discours de démocratisation de l’accès au financement. Dans leurs efforts de développement, elles cherchent aussi à nouer des relations avec les acteurs traditionnels du monde de la finance. Ce faisant elles réintroduisent de nouveaux intermédiaires qui viennent complexifier la relation entre demandeurs de fonds et financeurs.