Thèse soutenue

Infertilité ''normale'' vs infertilité ''pathologique'' : une opposition en question : normes et pratiques françaises de l'AMP face à l'infertilité féminine liée à l'âge.

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Auteur / Autrice : Manon Vialle
Direction : Irène Théry
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 11/12/2017
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Marc Bessin
Examinateurs / Examinatrices : Jérôme Courduries, Laurence Hérault, Séverine Mathieu, Magali Mazuy

Résumé

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La croissance de l’infertilité féminine liée à l’âge dans les sociétés européennes et nord-américaines suscite une augmentation de demandes en matière d’assistance médicale à la procréation (AMP) et amène chaque société à s’interroger sur ses normes et pratiques. En France, cette question est un révélateur de la spécificité du modèle bioéthique qui encadre les techniques d’AMP, ainsi que de ses tensions et contradictions croissantes. La particularité de ce modèle est de se présenter comme strictement « thérapeutique » et de reposer sur l’opposition entre infertilité « normale » et infertilité « pathologique ». Cette opposition en nourrit une autre, à connotation plus morale, celle qui distingue une AMP légitime et une AMP dite « de convenance personnelle », légitimant un discours social et médical particulièrement conservateur et réactif face aux perspectives d’utilisation des techniques médicales dans le but de pallier l’infertilité féminine liée à l’âge.À partir de deux enquêtes, l’une auprès de professionnels de l’AMP et l’autre auprès de femmes confrontées à une infertilité liée à leur âge, cette thèse propose d’appréhender l’infertilité dans une démarche pragmatique, en s’inscrivant dans une approche relationnelle. Elle révèle ainsi que les règles d’accès à l’AMP en France et le discours social, reposant sur l’opposition entre les deux infertilités, s’appuient sur une vision trop étroite, simplifiée et au fond ininterrogée de l’infertilité elle-même. Notre recherche permet de mettre au jour l’existence de référents normatifs non pris en compte par ce modèle, qui s’avèrent pourtant centraux dans les pratiques des professionnels et des femmes. Elle ouvre ainsi vers une approche plus complexe de l’infertilité à la fois biologique, mais aussi et toujours sociale, relationnelle et temporelle.