Thèse soutenue

Essais sur les normes et les inégalités de genre

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Auteur / Autrice : Clémentine Van Effenterre
Direction : Thomas Piketty
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Analyse et politique économiques
Date : Soutenance le 21/09/2017
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale d'Économie (Paris ; 2004-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Paris-Jourdan Sciences Économiques (2005-....)
Jury : Président / Présidente : Dominique Meurs
Examinateurs / Examinatrices : Camille Landais, Éric Maurin, Claudia Senik

Résumé

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Cette thèse étudie l’impact des normes de genre et des institutions sur les choix éducatifs, les décisions d’offre de travail et les préférences politiques. Dans le premier chapitre, nous nous intéressons à l’influence du genre des enfants sur les opinions de leurs pères en matière de droits des femmes. Nous montrons que la présence d’au moins une fille parmi les enfants est associée à des attitudes plus marquées contre l’avortement pour les pères de droite et inversement, plus favorables à l’avortement pour les pères de gauche. Nous développons un modèle théorique dans lequel les pères, qui ont des préférences paternalistes, ont tendance à adopter des positions politiques plus extrêmes lorsqu’ils ont une fille plutôt qu’un garçon. La partie empirique de l’analyse repose sur l’utilisation de deux nouvelles sources de données : une base biographique des députés français, et une enquête post-électorale au niveau européen. Nos résultats suggèrent que les filles polarisent les attitudes de leur père en matière de droit à l’avortement. Ces résultats réconcilient en partie les conclusions contradictoires des travaux récents sur l’influence des filles sur les opinions politiques de leurs pères. Le deuxième chapitre est issu d’un travail commun avec E. Duchini. Nous étudions les décisions d’offre de travail des femmes dans un contexte institutionnel qui limitait jusqu’à récemment leur capacité à bénéficier d’un emploi du temps régulier. Historiquement en France, les enfants en âge d’aller à l’école maternelle et primaire n’avaient pas classe le mercredi. Nous utilisons la réforme dites des rythmes scolaires comme « expérience naturelle ». Avant 2013, les femmes dont le plus jeune enfant était en âge d’aller à l’école élémentaire étaient deux fois plus nombreuses que les hommes à ne pas travailler le mercredi. Afin de mesurer la réaction de l’offre de travail des mères à la réforme, nous utilisons la variation de son application dans le temps et en fonction de l’âge du plus jeune enfant. Nos résultats montrent que la réforme a permis à un plus grand nombre de femmes de travailler le mercredi, entraînant, en moins de deux ans, une réduction d’un tiers de leur différentiel de participation ce jour de la semaine par rapport aux femmes du groupe de contrôle. Cet effet est essentiellement attribuable aux mères pour qui une présence régulière au travail est particulièrement profitable, comme celles qui travaillent à des postes d’encadrement. Le troisième chapitre présente les résultats d’une expérimentation avec assignation aléatoire conduite de septembre 2015 à février 2016 avec T. Breda, J. Grenet et M. Monnet. Cette expérimentation montre que l’intervention courte d’un modèle positif d’identification féminin (role model) peut influencer les attitudes des apprenants, et contribuer ensuite à modifier leur choix d’orientation. Dans un premier temps, nous présentons des éléments descriptifs sur les attitudes différenciées des filles et des garçons vis-à-vis des sciences, et sur l’importance des stéréotypes vis-à-vis des femmes dans les sciences chez les lycéens. A l’aide d’une assignation aléatoire des élèves dans un groupe traité et dans un groupe contrôle, nous étudions l’impact causal des modèles positifs d’identification sur les aspirations, les attitudes et les choix éducatifs. Ces modèles féminins extérieurs font baisser de manière significative la prévalence des visions stéréotypées associées aux métiers dans les sciences, tant chez les élèves filles que garçons. Le traitement n’a pas d’effet significatif sur le choix d’orientation des élèves de seconde, mais la proportion de filles qui s’orientent et sont admises en classe préparatoire scientifique après le lycée augmente de 3 points de pourcentage. Cet effet correspond à une augmentation de 30% par rapport à la moyenne du groupe de contrôle. Ces changements sont principalement attribuables aux élèves ayant les meilleurs résultats scolaires en mathématiques.