Thèse soutenue

Diaspora Rapanui (1871-2015). L’île de Pâques, le Chili continental et la Polynésie française : une ethnographie historique de la mobilité dans une société transnationale
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Auteur / Autrice : Diego Muñoz Azócar
Direction : Serge Tcherkézoff
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie sociale et ethnologie
Date : Soutenance le 22/06/2017
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Irène Bellier
Examinateurs / Examinatrices : Christopher Ballard, Adriano Favole, Patrice Godin, Alexander Dale Mawyer, Grant S. McCall, Bernard Rigo

Résumé

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Le sujet de cette thèse est la société rapanui, quelques 5000 personnes, du nom de l’île qui en est le lieu d’origine et de référence, connue aussi comme l’île de Pâques. Si l’île demeure la référence pour chacun, la « société rapanui » n’est plus limitée à cette île de Polynésie orientale, mais inclut les communautés émigrées, installées au Chili continental (près de la moitié des Rapanui), principalement dans la grande région métropolitaine de Santiago, et un petit nombre à Tahiti, Polynésie française. Pour les Rapanui, Tahiti est un lieu important dans l’histoire de l’île, de la diaspora et dans la formation d’une identité polynésienne. Cette thèse vise à comprendre la configuration de la communauté rapanui, comprendre la manière dont ceux qui se reconnaissent comme « Rapanui » font société aujourd’hui, au travers de leurs relations sociales qui configurent une diaspora non figée mais façonnée par la mobilité entre les divers lieux. Notre démarche est à la fois anthropologique et historique. Nous observons et analysons les communautés contemporaines dans leur vie quotidienne (occupations, rapport de parenté, tenure foncière, rapport à l’histoire) à partir de plusieurs enquêtes de terrain, étalées entre 2006 et 2014, à Hanga Roa, « le » village sur l’île, dans l’immense réseau urbain de Santiago, et dans le quartier de Pamatai à Tahiti où des Rapanui se sont installés au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle. Ce sont des parcours de vies discutés lors de très nombreux dialogues avec des Rapanui de tous âges et de toutes conditions. Les différents aspects de la diaspora sont le résultat d’une histoire longue, plus d’une fois dramatique, dont il faut remonter les fils, par la mémoire conservée et transmise ainsi que par des archives souvent méconnues jusqu’ici. Comme ailleurs en Océanie, cette histoire inclut l’arrivée des missionnaires et des colons. Mais elle est aussi marquée par les drames que furent les raids esclavagistes venus du Pérou, l’exode vers Tahiti et Mangareva décidé par une collusion entre missionnaires et colons, et puis la transformation d’une île en champ d’élevage de moutons pour une entreprise privée après la mainmise coloniale chilienne et sa féroce politique d’« enfermement », unique dans l’histoire et en place jusqu’en 1966. L’« enfermement » a conduit des Rapanui à s’« évader » de chez eux, au péril de leur vie. Aujourd’hui, c’est une toute autre histoire qui se joue : celle d’un tourisme débridé, de la réappropriation d’un héritage archéologique, de la réaffirmation d’une identité polynésienne et d’un début de développement économique où les Rapanui ont enfin leur part.