''La pérennité de notre peuple'' : une aide socialiste juive américaine dans la diaspora yiddish, le Jewish Labor Committee en France (1944-1948)
Auteur / Autrice : | Constance Pâris de Bollardière |
Direction : | Nancy L. Green |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance le 10/03/2017 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Jury : | Président / Présidente : Laurent Jeanpierre |
Examinateurs / Examinatrices : Catherine Collomp, Michel Dreyfus, Audrey Kichelewski, Enzo Traverso |
Résumé
Après la Shoah, l'aide matérielle et le soutien moral des Juifs des Etats-Unis jouent un rôle considérable dans la reconstruction du monde juif en Europe. Cette vaste entreprise philanthropique se manifeste aussi bien de façon unifiée que par l’intermédiaire de réseaux plus ciblés, chaque pan du monde juif des Etats-Unis souhaitant secourir les siens et œuvrer de manière indépendante à la pérennité de sa vision particulière de la judaïcité. C’est dans ce cadre que les socialistes juifs américains du Jewish Labor Committee, organisation antinazie créée à New York en 1934, se tournent vers les rescapés du monde yiddish non-communiste et plus particulièrement vers ceux résidant en France, majoritairement concentrés dans et autour de la capitale. Paris, ville vers laquelle affluent à la fin des années 1940 des milliers de survivants de la Shoah, dont nombre de transitaires en route vers des destinations outre-mer, représente alors un des lieux d’espoir pour l’épanouissement de leur culture minoritaire. L’étude de cas de l’intervention du Jewish Labor Committee en France de 1944 à 1948 présente la singularité des préoccupations des bundistes et des socialistes de culture yiddish à la sortie du génocide et au début de la guerre froide. Elle observe l’évolution de leurs idées comme leurs efforts et doutes pour affronter les défis de l’après-guerre et perpétuer leur projet politique et culturel national hors de leur territoire d’origine en Europe orientale. Pour approfondir ces thématiques, cette recherche met en perspective le monde yiddish avec les mondes juif et non-juif, socialiste et syndical, qui l’environnent. Etant le cadre de vastes échanges de courriers, d’informations, d’hommes, de biens matériels et d'argent entre les Etats-Unis et la France, l’action du Jewish Labor Committee se prête à l’analyse de l’interaction entre des immigrés situés dans deux pôles d’une migration divergente. Inspirée par les recherches sur le transnationalisme des primo-immigrés, cette étude transpose les questions de circulations entre les frontières et de négociations entre deux environnements nationaux dans le cas d’acteurs se tournant non pas vers leur pays d’origine mais vers un autre centre de leur diaspora. Appréhendée via cette rencontre entre socialistes juifs aux Etats-Unis et en France, une telle approche transnationale amène à questionner les degrés de proximité entre deux centres de la « diaspora yiddish » au lendemain de la destruction.