Thèse soutenue

Travail et métiers en Normandie à la fin du Moyen Âge : institutions professionnelles et régulation économique

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Auteur / Autrice : Francois Riviere
Direction : Mathieu Arnoux
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et civilisations
Date : Soutenance le 04/03/2017
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Pierre Monnet
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Bernardi, Simona Cerutti, Catherine Verna

Résumé

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Dans la Normandie médiévale, à partir de la fin du XIIIe siècle, le terme de métier peut désigner une catégorie d’institutions professionnelles reconnue par les contemporains. À partir de cette époque, les modalités d’application de la réglementation économique propre à ces métiers émergent dans la documentation. Elles se caractérisent notamment par le rôle de gardes désignés avec la participation du groupe professionnel régulé. Cette évolution accompagne la deuxième révolution de l’écrit, qui accentue la mise par écrit des normes. Les statuts de métiers, qui fixent le fonctionnement d’organisations professionnelles, s’intègrent dans le développement d’une réglementation plus détaillée, dont la diffusion géographique est corrélée à la hiérarchie urbaine. Le recoupement des sources normatives avec les archives judiciaires et comptables a permis de compléter le panorama des institutions de métiers normandes, qui inclut des bourgs comme Elbeuf ou Neufchâtel-en-Bray, voire des activités rurales comme la poterie ou la métallurgie. L’analyse quantitative d’un corpus couvrant 60 ressorts juridictionnels atteste sa représentativité et suggère une diversification des institutions de métiers, au-delà des biais documentaires qui ont parfois trompé l’historiographie, notamment à propos de la conflictualité. L’amélioration des sources disponibles autorise des études de cas sur Rouen, mais aussi sur la seigneurie de Louviers, sur les baronnies d’Elbeuf et de Roncheville et sur la minière de Beaumont à Saint-Rémy-sur-Orne. Les comparaisons révèlent les limites de l’autonomie des organisations de métiers dans la sanction des règles professionnelles, malgré quelques exceptions comme les juridictions corporatives du maître des férons de Normandie ou du prévôt des tanneurs de Rouen. Cependant, l’expertise sur la qualité et sur la qualification, tout comme les procédures d’entrée en apprentissage et de maîtrise, paraissent souvent échapper aux autorités jusqu’à la fin du XIVe siècle, et le recours aux juridictions supérieures reste fluctuant au XVe siècle. L’identité des organisations de métiers se polarise autour de leurs gardes, assermentés devant les autorités, plutôt que de se cristalliser dans des communautés dont les contours restent mouvants. De ce fait, l’action collective des groupes professionnels ne se formalise que très progressivement et sort souvent du cadre des institutions de métiers, même si la consultation des communautés est une étape importante dans la genèse de la réglementation professionnelle. La formalisation des institutions de métiers relève d’un développement du droit écrit, dont les usages par des associations professionnelles ou par les autorités varient en fonction des circonstances.