Thèse soutenue

L'héritage impensable. Conscience historique et technologies de l'identité dans la réforme éducative en Suède (1946-1980).
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Auteur / Autrice : Piero Simeone Colla
Direction : Patrick Michel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 02/03/2017
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Jean-Philippe Heurtin
Examinateurs / Examinatrices : Donald Broady, Patrick Garcia, Loredana Sciolla, Christian Topalov

Résumé

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Les réformes qui affectent le système d’enseignement suédois de 1945 à 1980 ont abouti à unifier ses structures et son discours au nom de l’égalité et de l’utilité collective. Le réductionnisme instrumental propre à d’autres champs de la construction de l’État-providence investit alors la sphère de l’accès au savoir : légitimation des méthodes par la science, explication des objectifs, rationalisation des outils de programmation et de formation des agents... Le ralliement de l’école à un « modèle » suédois d’hygiène sociale est ici examiné à travers son impact sur les cadres sociaux de la mémoire culturelle. L’accent est mis sur la manière dont la codification du relativisme et la formalisation d’une approche non biaisée des sujets d’enseignement affectent l’autorité du canon pédagogique, en précipitant sa crise. À cette fin, l’évolution du cadre codifié de l’enseignement de l’histoire, l’évolution vers un programme interdisciplinaire pour les humanités et la structure des manuels scolaires d’histoire, font l’objet d’un suivi systématique.La seconde partie de l’étude est consacrée à la manière dont la subordination de la relation éducative à l’intérêt social qu’elle est censée servir se construit, paradoxalement, en tant que régime de vérité. Au nom de son statut émancipateur, l’institution scolaire est appelée à investir le terrain de la formation du sentiment individuel de responsabilité – de la vie de couple à l’éducation correcte des enfants. L’injonction de conformité et de discipline que cet enseignement véhicule, oriente la relation maître/élève vers un tiers symbolique immanent : l’actualisation de valeurs « suédoises », ou prétendues telles. Les enjeux imaginaires de l’introduction de méthodes participatives à l’école et de l’accueil des enfants d’immigrés, entre 1970 et 1980, et l’émergence ultérieure de deux impératifs sociaux – le « devoir » des adultes d’influencer les enfants, et le devoir social de « former » les parents – sont examinés dans cette optique.