Caractérisation in vitro des comportements immunomodulateurs différentiels d'une bactérie probiotique Lactobacillus rhamnosus Lcr 35 et d'un pathogène vaginal, Gardnerella vaginalis
Auteur / Autrice : | Thomas Bertran |
Direction : | Bertrand Evrard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de la vie et de la santé |
Date : | Soutenance le 10/07/2017 |
Etablissement(s) : | Université Clermont Auvergne (2017-2020) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale des sciences de la vie, santé, agronomie, environnement (Clermont-Ferrand) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Unité de nutrition humaine (Clermont-Ferrand) |
Jury : | Président / Présidente : Florence Fenollar |
Examinateurs / Examinatrices : Pascale Gueirard, Jean-Marc Chatel | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Corinne Grangette, Christian Drouet |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
La vaginose bactérienne (VB) est une infection génitale basse considérée comme une dysbiose de la flore vaginale, avec diminution des lactobacilles protecteurs et colonisation par une flore poly- microbienne anaérobie, au sein de laquelle Gardnerella (G.) vaginalis tient un rôle prépondérant. Les probiotiques, dont le Lactobacillus rhamnosus Lcr35, trouvent une bonne indication dans cette pathologie, en permettant de restaurer la flore vaginale et de diminuer le taux de récidive des VB, problème récurrent survenant après traitement antibiotique du fait de la persistance d’une altération de la flore. Cependant, l’effet de ces bactéries bénéfiques sur le système immunitaire, est mal connu. Les cellules dendritiques (DC) jouent un rôle critique dans ce système en orchestrant les réponses immunitaires adaptatives, tolérogènes ou inflammatoires. A l’état immature, ces cellules assurent la surveillance et la protection des muqueuses, notamment intestinales et vaginales, par la reconnaissance de produits microbiens, les PAMP via leurs récepteurs membranaires appelés les PRR. Une fois l’antigène microbien capté, les DC subissent un processus de maturation et s’activent, permettant ainsi la polarisation lymphocytaire T CD4 + et la génération des sous-populations effectrices Th1, Th2 et Th17 ou tolérogènes, les T régulateurs. L’objectif de ce travail était donc d’étudier in vitro, sur une large gamme de concentrations, les propriétés immunomodulatrices différentielles de G. vaginalis et du Lcr35 sur les réponses des DC et lymphocytaire T afin de mieux caractériser les effets propres à chaque souche et de confirmer ou non la pertinence, d’un point de vue immunologique, d’utiliser ce probiotique dans le traitement de la vaginose bactérienne. Par microscopie électronique, nous avons montré que G. vaginalis réduisait les capacités d’internalisation des DC en formant des amas, induisant une faible maturation de ces cellules et une faible sécrétion de cytokines anti- et pro- inflammatoires, en testant un large panel par technologie Luminex. De même, sur les lymphocytes T, G. vaginalis induisait peu de prolifération et sécrétion de cytokines. Prises ensemble, nos données indiquent que G. vaginalis possèdent in vitro des propriétés immunomodulatrices peu intenses contre les DC et les lymphocytes T, induisant une réponse inflammatoire de bas grade, qui pourrait, de manière intéressante, bien concorder avec la clinique atypique de la VB, par nature peu inflammatoire. Au contraire, le Lcr35 est fortement internalisé par les DC conduisant à une maturation dose-dépendante et une sécrétion significative de cytokines essentiellement pro-inflammatoires (IFN-γ, TNF-α...). La prolifération lymphocytaire est significativement augmentée aux faibles concentrations de Lcr35, avec un pic à 10 5 CFU/mL associé à une production d’IFN-γ, cytokine pro-Th1 et à une activation maximum de l’IDO. Le Lcr35 semble ainsi posséder des propriétés immunostimulatrices importantes et pourrait ainsi induire une réponse pro-inflammatoire, pro-Th1. Pour conclure, ce profil pourrait donc potentiellement être efficace pour lutter localement contre les effets de G. vaginalis, en restaurant une meilleure réponse inflammatoire. Cette hypothèse, que nous avons dénommée « effet Booster » reste à confirmer dans des études complémentaires. Dans un futur proche, nous avons ainsi prévu de réaliser de nouvelles expériences, dans lesquelles nous étudierons l’effet de ces deux bactéries dans un modèle de polarisation autologue à partir de DC et de lymphocytes CD4 + naïfs, les voies de signalisation intracellulaire impliquées dans les résultats observés, l’effet de la co-incubation des deux bactéries sur ces mêmes cellules et enfin l’effet de la composante épithéliale grâce à des modèles Transwell® associant les cellules épithéliales aux cellules immunitaires.