Identités raciales et production du politique : la construction d'Haïti en tant que problème public dans l'imaginaire social caribéen : études comparées sur la Jamaique et la Guadeloupe
Auteur / Autrice : | Sébastien Nicolas |
Direction : | Christine Chivallon, Justin Daniel |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance le 10/03/2017 |
Etablissement(s) : | Bordeaux |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Les Afriques dans le monde (Pessac, Gironde ; 2011-....) |
Jury : | Président / Présidente : Andy Smith |
Examinateurs / Examinatrices : Andy Smith, Patrick Simon | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurent Dubois, Johann Michel |
Résumé
Ce travail propose une analyse comparée portant sur la construction d’Haïti en tant queproblème public en Jamaïque et en Guadeloupe au cours des années 2000. Un premierfacteur de politisation observé dans ces deux territoires repose sur l’altérisation desHaïtiens par le biais de normes héritées de l’idéologie raciale coloniale et se traduit pard’importantes mobilisations contre les immigrés haïtiens. Un deuxième typed’intervention dans le champ politique relève au contraire de pratiques d’opposition audiscours colonial et tend à présenter la première République noire comme le symboled’une appartenance commune forgée dans la lutte contre l’hégémonie occidentale. Cetteconflictualité identitaire est resituée à l’aune du fond imaginaire racialisé hérité de lasociété de plantation et au croisement des modèles institutionnels mis en oeuvre après ladécolonisation en Jamaïque et en Guadeloupe. En retraçant la trajectoire du « problèmehaïtien », l’enquête engage une réflexion sur la production du politique dans l’espacecaribéen. Elle s’attache à montrer en quoi les antagonismes socio-raciaux exprimés dansles sociétés à fondement esclavagiste informent et travaillent l’action pol itique qui yprend place. La première partie revient sur l’invention de la figure racisée du « barbarehaïtien » dans l’espace Atlantique et son usage par les puissances occidentales en tantqu’outil de légitimation de l’ordre colonial en Jamaïque et en Guadeloupe. La deuxièmepartie s’intéresse à la manière dont ces stéréotypes raciaux sont réactivés dans les deuxterritoires durant les années 2000 à travers la politisation de l’immigration haïtienne etsa mise à l’agenda auprès des pouvoirs publics. En troisième lieu, les interactions quifaçonnent les énoncés officiels du « problème haïtien » sont saisies au prisme desinstruments de l’action publique mis en place afin de réguler, contrôler et mettre àl’écart les corps haïtiens. Cette recherche invite à aborder, par le biais de l’exemplecaribéen, les fondements de l’articulation entre identités raciales, production dupolitique, pratiques du pouvoir et modes de gouvernementalité. Elle met en évidence lalongévité des schèmes de pensée issus de la domination coloniale, tout en soulignant lacapacité des acteurs à en renégocier le contenu à travers le conflit politique.