Thèse soutenue

De la vue au regard : littérature et photographies au XIXe siècle

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Auteur / Autrice : Basile Pallas
Direction : Pierre Laforgue
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littératures française, francophones et comparée
Date : Soutenance le 29/11/2017
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Textes, littératures, écritures et modèles (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Bernard Vouilloux
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Laforgue, Marta Caraion, Jean-Pierre Montier, Philippe Ortel, Jean-Paul Engélibert
Rapporteurs / Rapporteuses : Marta Caraion, Jean-Pierre Montier

Résumé

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Au XIXe siècle, la photographie est vue comme une image vraie. Produite mécaniquement, elle serait la copie fidèle de la réalité, ce qui justifie la croyance en la vérité de ses images. Dès les premiers discours tenus à son égard, la photographie apparaît comme une image transparente, ne donnant rien d’autre à voir que la réalité, ce qui explique notamment les postures de rejet généralement adoptées par les écrivains et les artistes face à cette image, antithèse de l’art. Notre travail s’efforce de montrer comment, à l’inverse, la photographie a été, dans les textes littéraires en particulier, rendue à sa visibilité, c’est-à-dire à sa nature de vraie image. Pour cela, nous déterminons comment le phénomène optique de l’aberration, qui suppose une déformation de l’image plus ou moins visible, rend compte d’une pensée s’attachant à concevoir la photographie comme vectrice de troubles dans sa représentation. Nous examinons alors différentes manifestations de ces phénomènes dans la littérature, qui sont liées à une conscience de la matérialité des images, de leur mode de fabrication particulier, mais aussi de leurs défauts, opacifiant ce qu’elles représentent. L’attention de certains écrivains portée à ce que nous appelons la dimension photographique des photographies ouvre des pistes multiples sur la poétique des textes et situe le modèle photographique dans un ailleurs du réalisme. La réflexion sur la photographie dans les textes permet également de mesurer les conséquences d’une croyance en la vérité des images, croyance qui se révèle, à différents niveaux, comme aberrante. En effet, le fantasme d’une visibilité parfaite n’a pas seulement été appréhendé comme un moyen de mesure rationnelle du monde. La visibilité accrue et excessive de la photographie révèle au contraire ce que la réalité a de plus étrange et de plus inquiétant. Dans les textes, le modèle photographique éclaire alors une représentation fantastique du monde, lorsque celui-ci s’ouvre aux fantasmes et aux hallucinations. Nous tentons de cerner, à travers des œuvres littéraires et photographiques variées (Nerval, Champfleury, Nadar, Maupassant, Geffroy, Rachilde, Bonnetain, etc…) les différents phénomènes qui apparaissent comme les principaux agents de déréalisation de l’image photographique.