Thèse soutenue

L'expérience du numérique chez les aînés : enjeux et limites du solutionnisme technologique

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Auteur / Autrice : Eloria Vigouroux-Zugasti
Direction : Gino Gramaccia
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'information et de la communication
Date : Soutenance le 13/12/2017
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Médiation, Information, Communication, Art (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Imad Saleh
Examinateurs / Examinatrices : Gino Gramaccia, Christian Bourret, Sylvie Parrini-Alemanno, Valérie Carayol, Olivier Le Deuff
Rapporteurs / Rapporteuses : Christian Bourret, Sylvie Parrini-Alemanno

Résumé

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Les sociétés occidentales se trouvent aujourd’hui confrontées au vieillissement de leur population, sous le double effet de papy-boom et de l’allongement de la vie. Ce contexte pose la question de la prise en charge de la perte d’autonomie des personnes retraitées : coût et disponibilité de places en maisons de retraites, gestion de la dépendance par la famille et par les politiques publiques, etc. La Silver Économie propose des réponses technologiques à ces problèmes sociaux et politiques, en développant de nombreux produits numériques dédiés à la gestion de la perte d’autonomie des aînés. Néanmoins, ces offres ne semblent pas toujours prendre suffisamment en compte la réalité de publics ciblés. Tout d’abord, les technologies semblent ne pas prendre en compte les attentes et les besoins de ce public et ne font que peu de cas de la pluralité des profils des aînés. De plus, les technologies pour l’autonomie tendent à ne pas être adaptées aux aptitudes et aux connaissances numériques des publics qu’elles ciblent. Enfin, ces technologies posent le problème de leur potentiel démocratique, étant donné leur coût élevé. Convoquant l’alliance entre sciences de l’information et de la communication (SIC) et sociologie, nous proposons une étude, prospective, cherchant à appréhender et à comprendre les actuels modes d’appropriation de ces technologies auprès des retraités de plus de 60 ans. Le but de notre démarche est de mettre en évidence les logiques d’usage et d’appropriation actuelles pour vérifier leur adéquation avec des formes de prise en charge technologiques de la perte d’autonomie. Pour ce faire, nous procédons à l’analyse d’un échantillon qualitatif, composé de 31 aînés résidents en Aquitaine et faisant usage des technologies numériques. Les résultats de notre analyse mettent en évidence des niveaux de littératie numérique tout à fait disparates, influencés par de nombreux facteurs : l’âge, les formes d’initiation, les sociabilités individuelles, les parcours biographiques et le rapport à soi. Les usages des technologies numériques prennent sens dans des processus identitaires, qu’ils soient orientés vers la rupture ou vers la continuité, en lien avec le passé, le présent et le futur des usagers. Les technologies participent à de nouvelles formes de sociabilité, prenant le relai des modalités classiques de lien social. Les pratiques de recherche par Internet, quant à elles, permettent à l’usager de développer un nouveau rapport à soi-même. Nous concluons la nécessaire adaptation des technologies numériques à ses appropriations identitaires des usagers aînés.