La place de la nourriture au sein des familles d’adolescentes brésiliennes anorexiques et boulimiques
Auteur / Autrice : | Juniana De Almeida Mota Ramalho |
Direction : | Marie Rose Moro, Júlia Sursis Nobre Ferro Bucher-Maluschke |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Psychologie |
Date : | Soutenance le 15/11/2016 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Érasme (Villetaneuse, Seine-Saint-Denis) |
Jury : | Président / Présidente : Yoram Mouchenik |
Examinateurs / Examinatrices : Florence Askenazy-Gittard | |
Rapporteur / Rapporteuse : Nadja Maria Acioly-Régnier, Daniel Derivois |
Mots clés
Résumé
Les troubles alimentaires à l’adolescence se retrouvent dans divers contextes socio-économiques et constituent une importante question de santé publique au Brésil. Néanmoins, les liens entre la famile, l’alimentation et les troubles alimentaires sont encore peu explorés, spécifiquement au Nord-Est du Brésil. Notre objectif est d’analyser la place de la nourriture dans les relations familiales d’adolescentes brésiliennes anorexiques et boulimiques. Nous avons utilisé une méthode qualitative, exploratoire, auprès d’un échantillon de vingt-six sujets, dont huit familles, quatre anorexiques, quatre boulimiques, âgées de 12 à 18 ans, huit mères, quatre pères, cinq grand-mères et une soeur dans deux services de santé publique, CETRATA et PRONUTRA à Fortaleza-Ceará, au Nord-Est du Brésil. Nous les avons ensuite interrogés grâce à l’outil de photo-elicitation. La photographie d’un repas familial prise par l’adolescente a servi de base à l’entretien semi-structuré. L’analyse des entretiens a été réalisée à l’aide de l’Interpretative Phenomenological Analysis (IPA). L’analyse des résultats a permis d’analyser deux facteurs importants : la relation duelle parent-adolescente et le fonctionnement du groupe familial. Les résultats mettent en lumière un contrôle paternel très important dans la gestion de l’alimentation dans le groupe anorexie. La nourriture est apparue comme un moyen trouvé par l’adolescente anorexique et boulimique pour élaborer leurs situations de perte et de deuil. L’adolescente réorganise ses liens affectifs dans un mouvement paradoxal de demande de contrôle par l’autre, qu’elle-même contrôle en retour. Il semble y avoir, spécifiquement, dans l’anorexie, une délégation de la part des parents de soin aux personnes tierces, représentées par la famille élargie et les personnes appartenant aux systèmes extrafamiliaux. Différents conflits entre les sous-systèmes autour de la nourriture ont une fonction structurante pour le système familial, même s’il s’agit de le maintenir dans un état dysfonctionnel. Ces conflits affaiblissent la cohésion familiale dans l’anorexie et la boulimie. Un affaiblissement des règles et une informalité autour de l’organisation d’un repas sont apparus comme une manière d’échapper à la rigidité des rôles que le trouble alimentaire de la fille impose aux parents. Il semblerait que le mode d’organisation de repas familiaux ne reflète pas nécessairement le mode de fonctionnement de la famille. L’un des résultats les plus importants que notre étude sont conflits transgénérationnels.Nous avons trouvé des divergences entre la génération des parents et celle des grand-mères concernant la façon d’éduquer l’enfant et la transmission de rituels. Ces divergences semblent donc affaiblir le sentiment d’appartenance de l’adolescente à la famille à travers la nourriture. L’ensemble de nos résultats montrent la nécessité de travailler autour du processus séparation-individuation de l’adolescente brésilienne anorexique et boulimique de manière à concilier l’identité individuelle et familiale et favoriser son autonomisation.