Thèse soutenue

Les contributions de Freud et Lacan à la théorie des structures cliniques. Des fondements généalogiques aux débats en psychopathologie

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Auteur / Autrice : Miguel Angel Sierra Rubio
Direction : François Sauvagnat
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie. Psychopathologie et psychanalyse
Date : Soutenance le 30/09/2016
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Recherches en psychanalyse et psychopathologie (Paris ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches Psychanalyse, Médecine et Société (Paris ; 2001-....)
établissement de préparation : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019)
Jury : Président / Présidente : Paul-Laurent Assoun
Examinateurs / Examinatrices : François Sauvagnat, Paul-Laurent Assoun, Houari Maïdi, Jean-Claude Maleval, Sidi Askofaré, Néstor A. Braunstein
Rapporteur / Rapporteuse : Houari Maïdi, Jean-Claude Maleval

Résumé

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Le concept de structure clinique se réfère immédiatement à la classification d’une maladie mentale comme névrose, psychose ou perversion, mais aussi au sous-type nosographique la concernant. Actuellement, les développements de ce concept constituent la principale théorie psychopathologique de l’analyse lacanienne. Toutefois, il y a une disparité de jugement sur sa valeur : (1) quelques auteurs soutiennent une continuité naturelle entre cette théorie et la doctrine de Freud et Lacan ; (2) quelques autres proposent une réorganisation de la nosographie psychanalytique incluant des nouvelles pathologies ; (3) quelques autres, finalement, défendent la disparition complète de ces références théoriques dans la clinique.Cette disparité relève d’une lacune dans le savoir : les fondements des structures cliniques, ainsi que ses enjeux, n’ont pas été encore systématisés. L’objetctif général de ce travail fut de les restituer, afin de déterminer la légitimité de cette théorie en tant qu’interprétation de la pensée de Freud et Lacan, ainsi que sa pertinence dans les débats psychopathologiques actuels.Pour éclairer les filiations symboliques qui soutiennent le concept de structure clinique, une méthode généalogique a été employée. Les résultats démontrent que Freud a utilisé une notion de structure héritée de la science du XIX e siècle pour élaborer ses conceptions psychanalytiques. La référence minéralogique, fournie par son ancien professeur G. Tschermak, a notamment imprégné l’usage freudien de la structure en psychopathologie. Bien que les catégories de névrose, psychose et perversion n’arrivent pas chez lui à se constituer comme un triptyque, il y a dans ses textes une tendance à les considérer dans leurs rapports mutuels, en tant que perturbations de la vie sexuelle. Cette tendance a été récupérée par Lacan à partir de 1953, et déclinée sur son concept de structure – entendue alors comme un ensemble covariant de signifiants – et sur les registres du réel, du symbolique et de l’imaginaire. Les avancées de sa production intellectuelle, telles que l’invention de l’objet petit a et l’introduction des nœuds et des tresses en psychanalyse, auront apporté jusqu’à la fin de ses jours un approfondissement du triptyque freudien.La systématisation de la théorie des structures cliniques a proprement commencée en 1981, quand les membres du Champ freudien ont soudé cet ensemble d’éléments psychopathologiques avec le terme, homonyme et préexistant, de structure clinique. L’enjeu majeur de cette soudure a été de supporter la relation dialectique entre la théorie et la pratique analytique. À présent, le programme de recherche des structures cliniques porte sur les psychoses ordinaires et sur la spécificité de l’autisme. La psychopathologie lacanienne ainsi constitué est interrogée depuis nombreux angles : la proposition d’une structure psychosomatique, la promotion des pathologies borderline, la liquidation post-moderne de la structure perverse, la contrainte des nosographies opérationnalisées (CIM, DSM et PDM). Les conclusions de cette recherche qualifient la théorie des structures cliniques comme une interprétation légitime de la pensée de Freud et de Lacan. Elle est d’autant plus pertinente dans le contexte actuel qu’elle est d’une grande utilité pour l’établissement du diagnostic structural, pour la direction de la cure et pour la transmission du cas clinique. En tant que cartographie du malaise subjectif, la structure clinique signale la référence éthique du psychopathologique, et constitue une résistance et une subversion face à la défaillance contemporaine dans l’appréhension du réel clinique.