Etude des mécanismes de colonisation des produits de construction par les micromycètes
Auteur / Autrice : | Isabelle Paic Lacaze |
Direction : | Philippe Silar |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Microbiologie procaryote et eucaryote |
Date : | Soutenance en 2016 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (Paris ; 2014-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Autre partenaire : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019) |
Résumé
Une campagne nationale réalisée par l'Observatoire de la Qualité de l'Air Intérieur (2008), a mis en évidence que 15 % des logements du parc immobilier français présentaient une contamination fongique visible. Malgré ce constat alarmant et les nombreuses études traitant des impacts sur les occupants et le bâti, les connaissances concernant les mécanismes de colonisation fongique des produits de construction dans les environnements intérieurs restent limitées. Ces biocontaminants ainsi que leurs métabolites peuvent être à l'origine de symptômes voire de pathologies (irritations, infections, toxi-infections, allergies) chez les personnes exposées. Concernant l'aspect biodétérioration des matériaux, de nombreux travaux ont mis en évidence le rôle des produits de construction et de décoration comme « niche écologique» fournissant, par leur composition même ou leur encrassement, les nutriments nécessaires au développement des moisissures. A ce jour, les seuls moyens de lutte proposés par les fabricants contre cette croissance fongique délétère consistent, au-delà des bonnes pratiques de mise en oeuvre des produits, en l'introduction de substances biocides dans la matrice. Pour autant, l'efficacité et l'innocuité, voire la pérennité de ces traitements sont rarement renseignées. Dans ce contexte, l'objet de ce projet de recherche a consisté à étudier la dynamique de colonisation fongique des produits de construction et de décoration, afin d'identifier des leviers d'action permettant de ralentir voire limiter la croissance des moisissures sur ces supports. A cet effet, après contamination des supports via l'« air tout-venant », les communautés microbiennes ont été caractérisées au cours du temps, dans deux contextes simulants des désordres thermo-hydriques. Les résultats ont mis en évidence une micro-biodiversité abondante sur les supports, ne se limitant pas à la présence des moisissures. Des successions de micromycètes ont été précisés. Elles peuvent en partie être expliquées par des différences de vitesses de croissance et une évolution des conditions environnementales (nutriments, humidité). Cependant, il semble que les antagonismes entre espèces jouent un rôle majeur dans cette dynamique de colonisation. En effet, les micromycètes en compétition sur les substrats produisent des métabolites diffusibles ou volatils, tels des mycotoxines ou COV. Par conséquent, le processus de colonisation a été étudié d'un point de vue moléculaire. Les métabolites volatils d'un consortium de micromycètes ont été caractérisés lors du développement individuel ou en co-culture des espèces, dans des conditions expérimentales maîtrisées. Les émissions volatiles associées aux micromycètes sont dépendantes de l'espèce, des conditions nutritionnelles, mais également du contexte biotique dans lequel ils évoluent. Cette meilleure compréhension des mécanismes mis en jeu lors de la colonisation, permettra di développer des alternatives bio-inspirées pour limiter le développement fongique.