Thèse soutenue

Vers des modèles spatiaux incarnés : mémoire, posture et possibilités d'action

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Auteur / Autrice : Léo Dutriaux
Direction : Valérie GyselinckPascale Piolino
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences cognitives
Date : Soutenance le 30/11/2016
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cognition, comportements, conduites humaines (Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine ; 1996-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université Paris Descartes (1970-2019)
Jury : Président / Présidente : Yann Coello
Examinateurs / Examinatrices : Valérie Gyselinck, Pascale Piolino, Yann Coello, Nicolas Vermeulen, Rémy Versace, Carol Madden-Lombardi
Rapporteurs / Rapporteuses : Nicolas Vermeulen, Rémy Versace

Résumé

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La cognition incarnée est un courant théorique qui considère que l'esprit doit être compris dans le contexte de son corps, et de l'interaction de ce dernier avec l'environnement. Elle s'est construite en réaction à l'approche cognitiviste classique qui voit la cognition dite « centrale » (mémoire, raisonnement, compréhension...) comme un système de traitement de l'information de symboles amodaux, indépendant des systèmes sensorimoteurs. S'opposant à cette vision, la cognition incarnée soutient notamment que 1/ la cognition aurait pour fonction de guider l'action 2/ elle serait ancrée dans les systèmes sensorimoteurs, c'est-à-dire qu'elle aurait des ressources de traitement en commun avec eux plutôt que d'en être indépendante. Depuis les années 80, les travaux s'inscrivant dans cette approche sont chaque année plus nombreux. Pourtant, la cognition spatiale envisagée selon cette perspective reste encore un domaine peu exploré. L'objectif de la revue de littérature présentée dans cette thèse est de montrer que différentes sources d'informations des représentations spatiales, la perception, la mémoire, et le langage, sont incarnées. Si leurs sources sont incarnées, alors il y a de bonnes raisons de penser que les représentations spatiales le sont aussi. Nous rapportons ensuite quelques éléments suggérant que les représentations spatiales pourraient être incarnées. Notre travail expérimental a eu pour objectif de montrer que la mémoire d'objets pouvant constituer une base à la formation d'une représentation spatiale est incarnée, dans le sens où elle aurait pour fonction de guider l'action, et qu'elle est ancrée dans les systèmes sensorimoteurs. A cette fin, nous avons réalisé plusieurs études explorant, au travers de postures réduisant les possibilités d'action, le rôle du système moteur dans la mémoire (Expériences 1 à 11), le langage (Expériences 9a à 10), et les représentations spatiales (Expériences 10 et 11). Les Expériences 1 à 8 ont montré dans l'ensemble qu'une posture contraignante a un effet négatif sur la mémoire d'images ou de noms d'objets manipulables, mais pas sur la mémoire des objets-non-manipulables (effet PI). Les Expériences 9a et 9b ont utilisé des phrases et ont montré que l'effet de la posture sur la mémoire de noms d'objets manipulables est présent lorsqu'il est associé à un verbe impliquant une action, mais pas lorsqu'il est associé à un verbe n'impliquant pas d'action. Les Expériences 10 et 11 ont utilisé respectivement des descriptions spatiales et des environnements virtuels, et ont montré nouvellement que des objets décrits ou présentés à une distance ne permettant par leur atteinte manuelle sont moins bien mémorisés que ceux situés à une distance proche. Après avoir discuté de ces résultats, nous proposerons notre conception des modèles de situations spatiaux incarnés.