Thèse soutenue

Le temps des objets : mémoire collective, entourages matériels et imaginaires littéraires : essai de phénoménologie sociale

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Auteur / Autrice : Pablo Cuartas
Direction : Michel MaffesoliFabián Sanabria Sánchez
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 25/11/2016
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales : cultures, individus, sociétés (Paris ; 1994-2019)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université Paris Descartes (1970-2019)
Laboratoire : Techniques et enjeux du corps / TEC - EA 3625
Jury : Président / Présidente : Patrick Tacussel
Examinateurs / Examinatrices : Michel Maffesoli, Fabián Sanabria Sánchez, Patrick Tacussel, Jean-Martin Rabot, Aurélien Fouillet
Rapporteurs / Rapporteuses : Patrick Tacussel, Jean-Martin Rabot

Mots clés

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Résumé

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Matière et mémoire constituent deux programmes de recherche que les sciences humaines entament souvent séparément : d'une part, l'observation empirique de la présence matérielle des objets ; de l'autre, la réflexion spéculative sur l'expérience immatérielle de la mémoire. Nonobstant, la sociologie de la mémoire permet et exige assumer sur ce point une perspective conjonctive: considérer la mémoire comme pratique sociale, inscrite dans les entourages matériels immédiats. Suivant ce principe conjonctif, la révision de quelques pratiques de mémoire nous a permis d'identifier la présence constante d'objets matériels, comme si les formes "naturelle" et "artificielle" de la mémoire étaient indissociables du statut matériel de l'objet. Une relation objectale à la mémoire et un rapport mémoriel à l'objet apparaît donc comme un invariant sur lequel nous nous efforçons de présenter quelques manifestations historiques : à Rome, aux temps de la République et le Haute-Empire, des expériences dissemblables comme le culte aux morts ou l'art rhétorique mettent en jeu, incessamment, objets et mémoire ; dans la Renaissance, la prolifération des studioli, cabinets de curiosités et Wunderkammern ne font que constater la consécration, dans les espaces du savoir et du pouvoir, d'une grande fascination pour les objets du passé ; au XIXe siècle, enfin, époque apparemment dominée par la production industrialisée, le fétichisme de l'antique renouvelle l'intérêt que les objets investis de mémoire éveillent. D'où la présence également persistante d'objets de mémoire dans la littérature: à ces moments historiques correspond une production littéraire considérable qui se propose de décrire l'importance des choses qui suscitent une expériences sensible du passé. L’œuvre de quelques poètes latins, les réflexions de Goethe sur le collectionnisme, les idées de Rilke à propos des "objets vécus" ou la Recherche proustienne sont des variations sur un thème : le temps des objets, le temps que les objets contiennent.