L'adolescence et la problématique de la séparation : de l'espace familial à l'espace social
Auteur / Autrice : | Elisangela Barboza Fernandes |
Direction : | Philippe Robert, Maria Inês Assumpção Fernandes |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Psychologie |
Date : | Soutenance le 02/08/2016 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité en cotutelle avec Universidade de São Paulo (Brésil) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Cognition, comportements, conduites humaines (Paris ; 1996-....) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation : Université Paris Descartes (1970-2019) |
Jury : | Président / Présidente : Teresa Cristina Carreteiro |
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Robert, Maria Inês Assumpção Fernandes, Teresa Cristina Carreteiro, David Léo Levisky, Celso Takashi Yokomiso | |
Rapporteur / Rapporteuse : Teresa Cristina Carreteiro, David Léo Levisky |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
L'adolescence impose de nouvelles exigences à la famille qui connaît alors l'angoisse de l'effacement de ses frontières - frontières qui séparent le « nous » des « autres » et celles qui scindent les générations qui se succèdent. L'intense processus d'affiliation de l'adolescent/e à d'autres groupes menace les pactes et alliances garants du maintien du groupe familial. La capacité contenante de la famille est fortement requise pour que celle-ci soit à même d'accueillir les transformations vécues par l'adolescent/e. Il incombe à ce dernier / cette dernière de reconsidérer la séparation entre soi et les objets primaires, entre le Moi et l'autre, exigence rendue manifeste par son investissement vers l'extérieur. Aussi, l'adolescent/e doit se trouver une place au sein de liens externes, hors de sa famille. La présente recherche vise à analyser la manière dont la problématique de la séparation chez l'adolescent/e se répercute sur le plan des liens familiaux et sur sa relation avec ses espaces de vie (domicile, communauté). Née des interrogations de l'auteure, au fil de son travail auprès d'adolescents en situation de précarité sociale, cette étude soutient l'hypothèse que la problématique de la séparation chez ces adolescents revêt une coloration toute particulière du fait de la « découverte », par ces derniers, du piètre positionnement de leur famille et de leur groupe dans la société. Pour mener à bien cette recherche, ont été réalisées huit séances - ou rencontres - en groupe (composé de onze adolescents âgés de 15 à 17 ans), conduites sur la base du référentiel de groupe opératif de Pichon-Rivière. En accord avec la conception psychanalytique du sujet en tant que « sujet du lien», l'analyse s'appuie sur certaines notions fondamentales telles que celles d' « alliances inconscientes » et de « narcissisme groupal ». Les adolescents ont fait montre d'un grand travail d'élaboration psychique autour de la question du dedans familial et du dehors, parallèle à leur mouvement vers l'extérieur. Leurs propos ont indiqué que, pour leur famille, l'extérieur faisait figure de menace à l'encontre des pactes établis, menace notamment incarnée par la sexualité et par le risque de voir « leur » adolescent/e prendre part à la violence présente au sein de la communauté. Pour leur part, ces adolescents ont révélé à la fois l'expectative d'y obtenir du plaisir - à savoir celui de connaître et de vivre les aspects de leur être intime, aberrants à l'intérieur du groupe primaire - et de la crainte quant à ce nouveau lieu social à occuper. L'extérieur est également apparu comme un espace de différence et d'expérience d'humiliation sociale, vécue par les adolescents, porteurs des marques de leur groupe et de leur communauté. Au travers d'un mouvement inconscient d'opposition à ces marques sociales avilissantes, les adolescents ont en réalité renforcé les marques identificatoires de leur appartenance à la communauté, mettant en lumière la fonction de cette dernière, celle d'espace de contenance. En conclusion, ces adolescents ont été rencontrés à mi-parcours, à la fois en voie de s'assurer une place dans leur communauté - en tant qu'héritière du lien et de l'identification familiale - et de se projeter vers l'extérieur, comme pour se « dégager » du lien familial et se reconstituer.