Thèse soutenue

Les voix résilientes. La poésie carcérale sous le premier franquisme.
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Auteur / Autrice : Aurore Ducellier
Direction : Zoraida Carandell
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études hispaniques et latino-américaines
Date : Soutenance le 18/06/2016
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Europe latine et Amérique latine (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris ; 1970-....)
Laboratoire : Centre de recherche sur l'Espagne contemporaine (Paris)
Jury : Président / Présidente : Serge Salaün
Examinateurs / Examinatrices : Zoraida Carandell, Serge Salaün, Marie-Anne Matard-Bonucci, Bénédicte Mathios, Evelyne Ricci, Verónica Sierra Blas

Mots clés

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Résumé

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Cette étude exhume la poésie créée dans les espaces carcéraux du premier franquisme, depuis l’occupation progressive de l’Espagne par le camp national, entre 1936 et 1939, jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale voire des années cinquante selon les incarcérations. Ce phénomène, souvent réduit en Espagne à deux figures héroïsées (Miguel Hernández et Marcos Ana), recouvre pourtant une multitude de cas, allant du poète emprisonné, dont les ambitions littéraires sont entravées, aux prisonniers de guerre ou politiques qui s’essayent au romance pour tuer le temps : au-delà de la valeur littéraire de l’œuvre, on s’intéresse à la poésie de témoignage autant qu’à la poésie lyrique, aux poèmes en prose et en vers, oraux ou écrits, à travers un corpus varié, tant sur le plan générationnel qu’idéologique, d’une soixantaine d’auteurs. José Luis Gallego (1913-1980) est un exemple paradigmatique, puisqu’il compose une vingtaine de recueils en prison de 1939 à 1942 puis de 1943 à 1960, dont seulement trois ont été publiés. Toute la géographie espagnole est concernée (notamment Madrid, l’île de Saint Simon ou les Canaries) et divers espaces carcéraux, dont des camps. Si certains symboles singularisent un auteur, la culture ou la situation espagnole, cette poésie carcérale relève globalement d’une poétique de la libération, visant à fuir l’espace-temps oppressant de l’enfermement, tout en évacuant les émotions douloureuses dans des moules métriques qui disent la contrainte, et en glissant occasionnellement une subversion entre les vers. On envisage également les processus de création et de diffusion de ces œuvres lyriques, l’enjeu de la collaboration avec le pouvoir dans les pages de l’hebdomadaire pénitentiaire Redención et le destin de vers confiés aux réseaux semi-clandestins ou exposés à un silence éditorial. À partir d’archives familiales et nationales, on analyse ces voix lyriques d’une résilience difficile, inédites ou méconnues, en tension entre l’enfermement dans l’intimisme de l’insilio et l’extériorisation subtile d'une dissidence réprimée.