L’apprenance collective entre pairs à l’aune du modèle transmissif : Impact des dispositifs de partage social sur les communautés d’apprentissage en ligne
Auteur / Autrice : | Xavier Inghilterra |
Direction : | Eric Boutin, Philippe Bonfils |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de l'information et de la communication |
Date : | Soutenance le 01/07/2016 |
Etablissement(s) : | Toulon |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés méditerranéennes et sciences humaines (Toulon ; 2008-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Information, Milieux, Médias, Médiations (Toulon (Var) ; Nice (Alpes-Maritimes) ; 2004-2017) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Philippe Bonfils, Ghislaine Chartron, Olivier Galibert, Brigitte Juanals, Daniel Peraya |
Résumé
Cette recherche s’intéresse aux effets induits par les dispositifs numériques de partage social sur les pratiques de collaboration, de communication et de médiation d’étudiants, dans un contexte situé de formation à distance. L’objectif est d’appréhender le processus de collaboration à l’origine de l’apprenance collective qui s’illustre dans les communautés d’apprentissage, constituées en marge de l’institution académique. Notre approche empirique par systématique hypothético-déductive est une observation netnographique menée auprès d’individus inscrits en Bachelor et Mastère dans un centre de formation privé. Notre corpus est composé de 1405 messages recueillis sur les forums de la plateforme institutionnelle et sur Facebook ou Google+ pour les groupes communautaires à l’initiative des étudiants. Nous recourons à une catégorisation de l’activité d’apprentissage suivant quatre dimensions intrinsèques à l’intervention des usagers sur les forums. Les phénomènes observés sont analysés suivant trois variables dépendantes : la temporalité, la reconnaissance sociale et le pouvoir hiérarchique. Notre ancrage est la théorie critique des médias de l’école de Francfort. Nous faisons l’hypothèse que les dispositifs sociotechniques d’information et de communication participent de l’horizontalisation des usages estudiantins. Nos observations de terrain révèlent en effet que les apprenants préfèrent s’en remettre à leurs pairs plutôt que solliciter l’institution ou les tuteurs en ligne. S’ils privilégient leur disponibilité indéfectible, ils accordent une plus grande importance à leur réactivité. Nous pensons que le clivage qui oppose l’environnement académique à la sphère estudiantine est pour partie le fait de deux temporalités distinctes. L’une verticale, celle de l’environnement numérique de travail (ENT), l’autre plus horizontale, caractérisée par les échanges entre pairs au sein de l’environnement personnel d’apprentissage (EPA). L’asynchronisme qui résulte de ces deux dispositifs engendre des effets de détournement d’usage par lesquels les étudiants exportent les ressources institutionnelles vers leur communauté. Mais l’analyse des praxis communautaires révèle d’autres artefacts induits par les technologies numériques. Qu’il s’agisse de désintermédiation ou d’accélération temporelle, ces usagers attirés par le modèle a hiérarchique, se retrouvent à leur insu dans un processus de domination sociale. Nous soulignons les effets pernicieux liés à l’accélération temporelle particulièrement prégnante dans la génération d’étudiants observée.