Quand l'analyse didactique clinique des pratiques évaluatives révèle les ressorts du désir d'enseigner : étude de cas en français et en mathématiques dans le premier degré (cycle 3)
Auteur / Autrice : | Patricia Mothes |
Direction : | Marie-France Combis-Carnus |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de l'éducation |
Date : | Soutenance le 16/11/2016 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Comportement, Langage, Éducation, Socialisation, Cognition (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Éducation, formation, travail, savoirs (Toulouse ; 2011-....) |
Jury : | Président / Présidente : Michel Grandaty |
Examinateurs / Examinatrices : Marie-France Combis-Carnus, Stéphane Brau-Antony, Denis Loizon, Hejer Ben Hsouna, Emmanuelle Brossais | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Stéphane Brau-Antony, Denis Loizon |
Mots clés
Résumé
L'évaluation est aujourd'hui une question scolairement vive, qui est le centre du débat didactique. Cette recherche en didactique clinique à visée compréhensive questionne la situation évaluative sommative en cycle 3 du point de vue de l'enseignant, en production d'écrits et en résolution de problèmes. Dans un contexte où l'enseignant est dit polyvalent et où la pression à l'évaluation se fait de plus en plus forte, cette recherche tente de comprendre comment se(re)compose le désir d'enseigner, mais aussi quels sont les processus spécifiques de conversion didactique en jeu dans la situation d'évaluation sommative. Enfin, dans la mesure où l'évaluation est aussi le lieu de la contingence et de la rencontre entre l'enseignant et la difficulté de l'élève, elle interroge ses effets sur l'enseignant. L'originalité de ce travail réside notamment dans son approche en didactique clinique, prenant comme focale principale le sujet dans ses rapports au(x) savoir(s), à l’institution et à l’épreuve : il s'agit de considérer les pratiques professionnelles à travers le prisme de l'évaluation, considérant que la situation évaluative est dynamique : elle agit sur l’enseignant comme l’enseignant agit sur elle. La didactique clinique, et notamment les concepts de « déjà-là », d' « impossible à supporter » et de « rapport à l'épreuve » permettent d'éclairer et de mieux comprendre la situation évaluative : comment et pourquoi Jean, enseignant débutant exerçant en milieu urbain continue-t-il à enseigner durant l'évaluation ? Pourquoi Karine, enseignante expérimentée en milieu rural dit-elle refuser l'évaluation ? Et enfin, pourquoi Solange, enseignante expérimentée en milieu semi-urbain « oublie-t-elle » de faire passer l'évaluation de production d'écrits ? Autant de questions que les cadres classiques de la didactique peinent à traiter. A partir de l'analyse croisée de trois constructions de cas contrastés, ce travail cherche à caractériser la structuration du rapport à l'évaluation de l'enseignant à partir de trois dimensions : le rapport au(x) savoir(s), le rapport à l'institution et le rapport à l'épreuve. Les données recueillies par entretiens, questionnaires et captations vidéo sont analysées à partir d'une méthodologie qui croise les outils de la méthodologie d'ingénierie didactique et la temporalité de la didactique clinique. Après un premier entretien, l'enseignant se voit proposer une ingénierie didactique d’évaluation sommative comportant deux épreuves,l'une en production d'écrit et l'autre en résolution de problèmes. Les deux séances font l'objet d'une captation vidéo. L’ensemble est suivi, dans l'après-coup, d'un entretien post qui permet au sujet de réélaborer sa Vérité. Pris dans le didactique, le sujet est soumis à un ensemble de tensions qui se cristallisent lors du moment d'évaluation sommative. A ce titre, l'observation de l'enseignant en situation évaluative, et en particulier l'analyse des écarts observables entre le prévu et le réalisé, le fait et l'observé, le savoir « à évaluer » et le savoir « évalué » sont révélateurs des ressorts du désir d'enseigner qui animent le sujet. Les conclusions ouvrent des pistes à la fois pour la recherche et pour la formation, dans le sens de la préconisation d'une plus grande prise en compte de la singularité du sujet dans la conception de l'enseignement.