La ritualisation dans la trajectoire du mourir : l'action rituelle funéraire : enquête sur la crémation France-Québec
Auteur / Autrice : | Gil Labescat |
Direction : | Pascal Hintermeyer, Magali Uhl |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 14/06/2016 |
Etablissement(s) : | Strasbourg en cotutelle avec Université du Québec à Montréal |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences humaines et sociales – Perspectives européennes (Strasbourg ; 2009-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Dynamiques européennes (Strasbourg) |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Marc Larouche |
Examinateurs / Examinatrices : David Le Breton | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Nicolas Moreau, Fiorenza Gamba |
Résumé
Cette thèse de doctorat propose de comprendre la spécificité rituelle des pratiques funéraires au début du XXIe siècle. Les analyses rituelles classiques (interactionnistes et structuro-fonctionnalistes) nous ont conduit à nous intéresser au processus rituel plutôt qu’au rituel lui-même et à cheminer par l’entremise d’une approche de l’action rituelle, plutôt que par celle des fonctions ou des symboles. Pour restreindre la part de réalité sociale étudiée, nous avons considéré que, parmi les différentes transformations funéraires, le phénomène de la crémation était une porte d’entrée pour comprendre cette spécificité. Cette thèse poursuit un double objectif :1) Le premier objectif est descriptif. Dans la trajectoire du mourir, à partir d’une perspective relationnelle, nous avons exploré le processus funéraire, notamment celui ayant pour perspective la crémation comme mode de transformation du corps, en le décomposant comme une chaîne opératoire du mourir. Nos données sont recueillies par la méthode de la participation observante de pratiques au sein du milieu funéraire. L’exemplarité du phénomène crématiste, en tant que pratique réunissant les attributs de l’évolution récente funéraire à partir des années 1980, a dirigé notre sélection vers un échantillon diversifié dans deux contextes socioculturels (France et Québec) et deux agglomérations (Strasbourg et Montréal) où le taux de crémation est historiquement élevé. 2) Le second objectif consiste à comprendre la spécificité de la ritualisation funéraire à partir de ces données, en s’intéressant à l’action rituelle en train de se faire dans le processus funéraire, c’est-à-dire expliquer la mise en forme et en acte de relations sociales. Par-delà une lecture socioanthropologique de l’organisation des relations contextuelles de ritualisation, une lecture psychosociologique des actions rituelles complète l’interprétation. Notre compréhension de la spécificité du processus rituel funéraire fait apparaître la complexité relationnelle de cette pratique sociale : d’une part, en tant qu’actions interagies par et dans des relations interindividuelles, faisant appel à des ressources réflexives (habilitantes) et permettant la réduction de l’état de dissonance provoqué par la mort; d’autre part, en tant qu’actions enserrées par et dans les règles des systèmes sociaux. La mise à jour de la prépondérance de ces caractéristiques relationnelles dans la ritualisation funéraire actuelle a pour vocation de comprendre à la fois la diversification des pratiques funéraires et leur normalisation.