Etude sociolinguistique sur les pratiques linguistiques au sein de familles plurilingues vivant au Grand-Duché de Luxembourg
Auteur / Autrice : | Annie Flore Made Mbe |
Direction : | Christine Hélot, Jean Jacques Weber |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences du langage |
Date : | Soutenance le 29/11/2016 |
Etablissement(s) : | Strasbourg en cotutelle avec Université du Luxembourg |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale des Humanités (Strasbourg ; 2009-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Linguistique, langues, parole (Strasbourg) |
Jury : | Président / Présidente : Claudine Kirsch |
Examinateurs / Examinatrices : Andrea Young, Isabelle Nocus | |
Rapporteur / Rapporteuse : Mehmet-Ali Akıncı, Julia De Brès |
Résumé
Notre questionnement autour des politiques linguistiques familiales au sein des familles plurilingues vivant dans l’environnement multilingue et multiculturel luxembourgeois est motivé par le trilinguisme qui caractérise le Luxembourg, la forte mixité de la population, l’intérêt que suscite les questions linguistiques des enfants issus de l’immigration et scolarisés au Luxembourg ainsi que notre expérience personnelle avec les langues au quotidien. À cet effet, nous cherchons à comprendre comment les parents issus de divers socles linguistiques ou ayant la même langue d’origine communiquent entre eux avant la naissance des enfants et comment la naissance des enfants reconfigure les usages linguistiques familiaux. Entre autres, nous cherchons à comprendre les motivations des choix linguistiques parentaux, les stratégies de communication mises en place par les parents pour établir un climat de communication en famille et l’influence des enfants sur l’environnement linguistique familial. Pour ce faire, sur le plan méthodologique, en couplant les entretiens ethnographiques avec les enregistrements des conversations familiales, nous avons eu accès aux pratiques linguistiques déclarées et effectives de dix familles aux profils linguistiques très variés et dont la résidence des parents au Luxembourg varie entre sept et quarante-deux ans. La méthodologie de l’analyse de contenu nous a permis de comprendre que l’expérience migratoire de chaque parent, les conditions d’acquisition/d’apprentissage et d’utilisation des langues qu’offre l’environnement luxembourgeois et le désir de développer le capital linguistique des enfants sont certaines des raisons qui poussent les parents à adopter une attitude positive envers le plurilinguisme. Plus loin, nos résultats suggèrent que bien que les enfants ne participent pas activement aux prises des décisions sur les choix des langues à véhiculer en famille, ils exercent cependant une influence sur l’environnement linguistique familial. Dans la même lignée, nous avons découvert que dès les premiers contacts des enfants avec des langues autres que celles de la famille, ces enfants ont tendance à avoir une préférence pour les langues dominantes de l’extérieur. En outre, nos résultats suggèrent qu’il n’y a pas de stratégie de communication parentale standard pour la transmission des langues familiales, mais que dans chaque famille, en fonction des objectifs que les parents se sont fixés, ces derniers peuvent adopter diverses stratégies face aux usages linguistiques de leurs enfants. En somme, nos travaux ouvrent de nouvelles pistes de recherche en politiques linguistiques familiales dont la dimension éducative des enfants issus de l’immigration nous semble particulièrement importante.