Le capital-investissement régional peut-il être socialement responsable ? : constats et analyse de vue néo-institutionnel
Auteur / Autrice : | Stéphane Jaouen |
Direction : | Pia Imbs |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de gestion |
Date : | Soutenance le 22/09/2016 |
Etablissement(s) : | Strasbourg |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Augustin Cournot (Strasbourg ; 1995-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Humans and management in society (Strasbourg) |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Marc Jeltsch |
Examinateurs / Examinatrices : Véronique Vincent | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Corinne Gendron, Anne Stévenot |
Résumé
Au moment où l’Europe est confrontée à une crise financière de grande amplitude, la question de la responsabilité sociétale et des acteurs financiers prend un relief tout particulier. C’est aussi le cas aux Etats-Unis, où le Congrès a approuvé en juillet 2010 une modification profonde des règles de régulation des marchés financiers pointés pour leurs excès à l’origine de « la pire récession mondiale depuis la grande dépression » (the New York Time, 15 juillet 2010). Cette crise met en évidence la nécessité de s’interroger sur la notion de « responsabilité sociétale », et la façon dont elle peut entrer dans les préoccupations des pouvoirs publics et des acteurs financiers pour faire face aux déficits et aux enjeux de régulation, de responsabilité et d'éthique qui apparaissent comme sous-jacents à la crise. Ces interrogations concernent tous les compartiments de la finance, y compris le capital-investissement où la multiplication ces dernières années des fonds d’investissement leur confère un rôle social, économique et territorial indéniable au regard des choix d’investissement qu’ils opèrent (Haupt et Henrich, 2004). Pour les pouvoirs publics, prendre part aux activités de capital-investissement constitue un véritable défi car il astreint à l’exemplarité des pratiques dans la promotion de valeurs sociétales (Jurgensen, 2008). Beaucoup des instruments de capital-investissement régionaux semblent être investis d’attentes et de missions qui relèvent de l’intérêt général, et en particulier lorsqu’il s’agit de répondre à des enjeux de développement économiques territoriaux. Pourtant, il semble qu’il y ait un paradoxe apparent entre un discours RSE assez volontaire des principaux financeurs publics du capital-investissement régional et une pratique qui se révèle au terme de la collecte de données, très peu formalisée. L’enquête faite ici montre que les pouvoirs publics légitiment leur intervention dans le capital-investissement régional en mettant en avant les carences du marché, la création d’emplois, l’innovation, la prise de risque, la cohérence avec des filières locales, l’aménagement du territoire… Or en pratique, le modèle dominant auquel ils souscrivent leur fait perdre, pour une large part, la possibilité de poursuivre ces objectifs. Face à ces constats, le cadre des théories néo-institutionnelles, et en particulier les développements de Walter POWELL et Paul DI MAGGIO (isomorphisme institutionnel) offrent des clés d’interprétation utiles au travers notamment de la mise en évidence des contraintes qui pèsent sur l’intervention publique. Dans un contexte où le capital-investissement régional est invité à devenir plus transparent, et à rendre compte de sa performance non seulement financière mais aussi économique, sociale, et territoriale, le travail réalisé ici explore les formes possibles d’expressions de la RSE dans les activités de capital-investissement régional. Parmi ces propositions, celle de créer un statut nouveau qui permettrait de prendre pleinement en compte et de prioriser des objectifs d’intérêt général. Il s’agirait ici de légiférer en faveur d’une « fondation actionnaire régionale », un peu à l’illustration de ce que font les pays d’Europe du Nord. Cela contribuerait enfin à redéfinir les contours de l'intérêt privé et de l'intérêt général.