Dépendance au cadre de référence visuel au cours du vieillissement en fonction de différentes tâches sensorimotrices : de la perception à la marche
Auteur / Autrice : | Catherine Perséphone Agathos |
Direction : | Brice Isableu, Christine Assaiante |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences du sport et du mouvement humain |
Date : | Soutenance le 07/10/2016 |
Etablissement(s) : | Université Paris-Saclay (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences du sport, de la motricité et du mouvement humain (Orsay, Essonne ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement opérateur d'inscription : Université Paris-Sud (1970-2019) |
Laboratoire : Complexité, innovation, activités motrices et sportives (Orsay, Essonne ; 2010-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Charalambos Papaxanthis |
Examinateurs / Examinatrices : Brice Isableu, Christine Assaiante, Charalambos Papaxanthis, Christophe Bourdin, Marion Luyat, Leslie Decker, Delphine Tranvouez-Bernardin, Manh-Cuong Do | |
Rapporteur / Rapporteuse : Christophe Bourdin, Marion Luyat |
Mots clés
Résumé
Le vieillissement entraîne une dégradation des mécanismes sensoriels d’intégration pouvant se manifester dans les tâches de la vie quotidienne des seniors par une perte d'autonomie et des risques de chute. Parmi les facteurs contribuant à l’augmentation de ces risques, certains pourraient relever d’une dégradation de la (re)pondération des signaux sensoriels se traduisant par une augmentation de la dépendance aux informations visuelles et aux références spatiales associées.Examiner la dépendance au référentiel visuel (DRV) dans le contexte du vieillissement permet ainsi de mieux comprendre:• si des effets d’âge sur la cognition et/ou la sensorimotricité sont liés à l’augmentation de la DRV;• si la DRV majorée des seniors indique un mode préféré de référentiation spatiale ou une conséquence des déficits liés à l'âge;• l’évolution de ces associations et ces mécanismes en étudiant des jeunes adultes, des adultes d'âge intermédiaire et des seniors.Dans le Chapitre 2, nous avons examiné les facteurs associés à une plus grande DRV avec l'âge. Nous avons confirmé les résultats classiques de la littérature en montrant une augmentation de la DRV avec l’âge, de plus celle-ci était associée avec une réduction de i) l’effet Aubert, indiquant une réduction de la dépendance au référentiel égocentré (DRE), ii) la capacité de traitement d'attention visuelle parallèle, et iii) la stabilité de fixation visuelle.Nous avons étudié ensuite les comportements d’orientation et de stabilisation de nos participants pendant des tâches posturales, et de marche face à des flux optiques linéaires projetés au sol. Dans le Chapitre 3, nos participants se tenaient 1) en posture érigée pieds serrés ou 2) marchaient sur place (MSP - contacts podaux intermittents) face à 1- une stimulation visuelle statique, 2- un flux optique naturel (aucune stimulation), 3- en approche ou 4- en recul. Les flux optiques ont surtout influencé la MSP induisant des dérives antéroposterieures de la tête, du tronc et du centre de pression (CdP). Les dérives étaient plus marquées chez les seniors par rapport aux autres groupes. Ces participants ont aussi montré des dérives naturelles en condition de MSP, i.e. sans stimulation visuelle projetée. La direction du flux optique a provoqué les effets les plus importants sur la dérive du CdP en association avec i) une DRV supérieure, ii) une DRE réduite et iii) une plus grande dérive naturelle,Dans le chapitre 4, nous avons étudié l'influence de ces mêmes flux sur le contrôle des paramètres de la marche et sur la stabilisation de la tête au cours de la marche. La dépendance au cadre de référence visuel s’est manifestée chez les seniors dans les conditions de i) flux naturel par une stratégie d’abaissement de la tête et une capacité réduite de stabilisation de la tête sur l’espace dont on peut penser que ces comportements visaient à maximiser l’utilisation des indices visuels disponibles, et ii) flux visuels imposés, par une réorientation du tronc et une augmentation de la fréquence du pas. Les résultats montrent aussi une adoption plus fréquente de la stratégie de stabilisation de la tête sur l’espace en conditions imposées de stimulation visuelle. Ce résultat suggère qu’un renforcement artificiel du flux optique mène à une adaptation posturale permettant une meilleure intégration des informations sensorielles pendant la marche.Nos résultats complètent les connaissances actuelles sur les relations entre la DRV et le contrôle sensorimoteur en fonction de la tâche perceptivo- motrice avec l’âge. Cette dépendance semble être associée à une réduction de l'exploitation du cadre de référence égocentrée en termes de perception de l’orientation du corps/verticale et de mouvement- propre, et se manifeste différemment selon la tâche. Enfin, notre travail ouvre des pistes de réflexion pour tenir compte de la DRV exacerbée dans la conception de protocoles d’entraînement pour des seniors plus dépendants.