Thèse soutenue

Morphodynamique et transferts sédimentaires au sein d'une baie mégatidale en comblement (Baie de Somme, Manche Est). Stratégie multi-échelles spatio-temporelles

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Auteur / Autrice : Charlotte Michel
Direction : Robert LafiteSophie Le BotStéphane Costa
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géologie (Sédimentologie côtière)
Date : Soutenance en 2016
Etablissement(s) : Rouen
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Normande de biologie intégrative, santé, environnement (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Morphodynamique continentale et côtière (Caen1996-....) - Littoral, environnement, télédétection, géomatique (Caen) (1996-2021)
Jury : Président / Présidente : Thierry Garlan
Rapporteurs / Rapporteuses : François Marin, Alain Trentesaux

Résumé

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La Baie de Somme est un environnement estuarien en comblement, contrôlé par des forçages hydrodynamiques marins intenses (marée de type mégatidal et houle) et un faible régime fluviatile. La dynamique morpho-sédimentaire de cette baie, ainsi que les flux sédimentaires responsables, ont été étudiés à deux échelles spatiales et temporelles. I) A l'échelle de champs de dunes hydrauliques intertidales, étudiés durant des cycles de marées semi-diurnes et semi-lunaires de mortes-eaux (ME) et de vives-eaux (VE). Dans ce contexte, il s'avère que la forte variabilité des forçages (vents, marée, houle) contrôle les flux sédimentaires et les évolutions morphodynamiques des dunes (λ : 5-23 m ; H : 20-60 cm). Ces flux augmentent globalement avec le coefficient de marée et les conditions d'agitation, induisant un transport sédimentaire net vers l'est ou vers l'ouest, selon la prédominance des courants (flot/jusant), qui dépend des caractéristiques de vent et de houle. Les dunes adoptent une morphologie à basse-mer qui est dépendante des conditions hydrodynamiques du milieu et du transport sédimentaire : asymétrie vers l'est sous un seuil de profondeur d'eau de 2,64-2,73 m ; asymétrie vers l'ouest au-dessus de ce seuil, lors des marées calmes à agitées (Hs max < 1,5 m) ; sub-symétrie et aplatissement des dunes lors de VE très agitées (Hs max ≥ 1,83 m) ; asymétrie vers l'est lors d'une VE de tempête. La migration des crêtes de dunes est plus intense en VE qu'en ME et ne présente pas toujours de similitude avec les directions de transport sédimentaire net, ceci étant dû aux variations importantes de morphologie et de polarité. Durant un cycle de marée semi-lunaire assez agité, le transport sédimentaire net ainsi que la migration nette des dunes s'effectuent vers les zones internes de la baie (vers l'est). II) A l'échelle de la baie, étudiée aux pas de temps saisonniers, annuels et pluriannuels, la dynamique de comblement est importante. La couverture sédimentaire superficielle de la baie, observée en 2013, montre un gradient d'affinement des sédiments "large-littoral" et "axe central-rives", avec des bordures internes caractérisées par une hausse des taux de vases et de carbonates entre 1980 et 2013. A l'échelle historique récente (1947-2011), les orthophotographies montrent une forte avancée des cordons littoraux (dunes sableuses au nord et galets au sud) et du schorre (jusqu'à 23,7 m/an). L'estran sableux, quant à lui, se caractérise par de fortes variations de la répartition des systèmes de barres/bâches et des champs dunes, ainsi que par d'importantes divagations des chenaux tidaux. Entre 2011 et 2013, les bilans sédimentaires mettent en avant l'érosion des secteurs externes sud proches du front de delta de jusant (d'altitude faible), aisi que l'accrétion des secteurs situés en avant de la pointe du Hourdel (d'altitude moyenne). Les parties internes de la baie (d'altitude forte) sont par contre plutôt stables, car en fin de comblement ou déjà comblées. Les parties externes nord, très dynamiques, ont tout de même un bilan sédimentaire faible laissant à penser que ce secteur est en équilibre dynamique, peut-être sous l'effet de transferts sableux avec le trait de côte. Ces 2 approches spatiales et temporelles confirment donc la tendance de la Baie de Somme à se combler sous l'effet de l'entrée des sables marins dans les zones internes, que ce soit sur des pas de temps courts et à l'échelle fine d'un champ de dunes ou à l'échelle globale de la baie et sur des pas de temps plus longs, et permettent de proposer des stratégies de suivi adaptées.