Thèse soutenue

Facteurs métalinguistiques et cognitifs prédictifs de la dyslexie chez l’enfant arabophone apprenant le français (L2)
FR
Accès à la thèse
Auteur / Autrice : Smaïl Layes
Direction : Mohamed Rebaï
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance en 2016
Etablissement(s) : Rouen
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Homme, sociétés, risques, territoire (Rouen)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Foued Laroussi, Michel Musiol
Rapporteurs / Rapporteuses : Mireille Besson, Denis Legros

Mots clés

FR

Mots clés contrôlés

Résumé

FR

La nature hautement flexionnelle de la morphologie de la langue arabe et la variabilité de l’information phonologique fournie par son système de voyellisation, rendent la lecture dans cette orthographe une tâche considérablement exigeante de point de vue morphologique et cognitif. La question fondamentale guidant la présente thèse est de savoir comment la dyslexie développementale se manifeste chez les enfants arabophones scolarisés en 4ème, 5ème et 6ème années, et quels sont les déficits cognitifs sous-jacents qui pourraient en être responsables. Ainsi, l’objectif de ce travail est double : le premier cherche à savoir comment la dyslexie développementale se manifeste en orthographe régulière de la langue arabe, et à mieux comprendre les déficits métalinguistiques et cognitifs sous-jacents à ce trouble spécifique d’apprentissage de la lecture. Cela a été rendu possible à l’aide de tests psychométriques élaborés pour le besoin de cette recherche, et de formes adaptées de quelques tests standardisés pour l’évaluation de la lecture des mots et la compréhension de lecture, la conscience phonologique, la conscience morphologique, le traitement visio attentionnel, la mémoire de travail et la dénomination rapide chez les enfants arabophones. Le second objectif vise à explorer les relations prédictives entre la lecture de mots et la compréhension de lecture (variables prédites), et les compétences métalinguistiques (phonologique et morphologique) et cognitives (dénomination rapide, mémoire de travail, attention visuelle) comme facteurs prédictifs. La lecture en langue française a été utilisée afin de tester un éventuel effet de transfert de connaissances phonologiques de l’arabe L1 à l’apprentissage de la lecture du français comme L2. Pour ce faire, une série d’études a été menée auprès de deux populations de dyslexiques (phonologiques et mixtes) et de normo lecteurs arabophones apprenant le français comme L2. Les principaux résultats sont les suivants : 1/ Pour l’ensemble des participants (tous les groupes confondus) la vitesse d’implémentation constitue, à côté de la précision, un paramètre fiable pour différencier les normo lecteurs des dyslexiques dans les tâches de lecture et de la conscience phonologique. Ces résultats indiquent que la vitesse de lecture peut représenter aussi un aspect principal dans la description du trouble dyslexique, dans sa classification et éventuellement dans son diagnostic. 2/La conscience phonologique (CP), l’attention visuelle (AV), la dénomination rapide automatisée (RAN) et la mémoire de travail verbale (MTV) peuvent constituer des facteurs prédictifs de la lecture des mots et de la compréhension de lecture chez les enfants arabophones. 3/Les lecteurs en difficultés peuvent tirer pleinement profit de l’entrainement phonologique, qui se manifeste à la fois par l’amélioration de leurs habiletés phonologiques et favorise par voie de conséquence la performance de lecture chez eux, ce qui témoigne du rôle fondamental du facteur phonologique dans l’apprentissage de la lecture et sa prédiction. 4/En ce qui concerne les normo-lecteurs, les habiletés de décodage des mots et des pseudo-mots ainsi que la conscience phonologique en arabe (L1), s’avèrent être des indice de prédiction de la performance de lecture des mots en français (L2). Autrement dit, le facteur phonologique en L1 serait un élément prédictif essentiel dans l’apprentissage de la lecture en L2. L’ensemble des résultats de cette recherche a montré que les déficits phonologiques, morphologiques et de vitesse de traitement (en lecture de mots et en dénomination rapide) ainsi que la mémoire de travail verbale, sont les facultés les plus déficitaires chez les enfants dyslexiques, et représentent des indicateurs de base de la dyslexie chez les enfants arabophones. Des facteurs prédictifs similaires ont été trouvés dans les études de différentes langues y compris l’arabe, montrant que la lecture dans ces langues repose sur des processus cognitifs communs. En outre, nos résultats mettent en évidence un rôle majeur de la mémoire de travail verbal et la conscience morphologique dans la lecture et la compréhension de lecture. Ils démontrent l’influence orthographique sur les manifestations de la dyslexie. Ces résultats sont discutés au regard à la fois de l’impact des spécificités orthographes et des universaux de la dyslexie.