La fabrication numérique personnelle, pratiques et discours d’un design diffus : enquête au coeur des FabLabs, hackerspaces et makerspaces de 2012 à 2015
Auteur / Autrice : | Camille Bosqué |
Direction : | Nicolas Thély |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Esthétique et sciences de l’art. Spécialité design |
Date : | Soutenance le 27/01/2016 |
Etablissement(s) : | Rennes 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Arts, Lettres, Langues (Rennes) |
Partenaire(s) de recherche : | PRES : Université européenne de Bretagne (2007-2016) |
Laboratoire : Arts : pratiques et poétiques (Rennes) | |
Jury : | Président / Présidente : Pierre-Damien Huyghe |
Examinateurs / Examinatrices : Pascal Plantard, Amélie Turet | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Michel Lallement, Françoise Parfait |
Mots clés
Résumé
Les FabLabs, les hackerspaces et les makerspaces sont des ateliers collectifs équipés de machines à commandes numériques et organisés en réseau. Ces lieux s’inscrivent dans l’élan du mouvement maker et dans l’héritage des hackers. Ils se présentent comme des espaces ouverts à tous et pour tout faire. Malgré une forte médiatisation, la réalité des discours et des pratiques qui s’y développent est encore peu étudiée. Cette thèse en esthétique et en design s’appuie sur une vaste enquête ethnographique menée de 2012 à 2015 au coeur de ces communautés, en France et à l’étranger.De nombreux entretiens et observations dessinées permettent une description critique des manières de faire rencontrées sur ces terrains.Les pratiques, les discours et les ambitions de la fabrication numérique personnelle se construisent dans les marges des territoires classiques de l’industrie et du design et en brouillent les cadres historiques. La première partie de la thèse retrace les origines des mouvements maker et hacker et des FabLabs. En s’appuyant sur des données de première mains et sur des récits plus classiques, elle montre comment la contre-culture américaine et les ambitions technophilesdes chercheurs du MIT rencontrent des appropriations locales divergentes.La réhabilitation du plaisir au travail et l’héritage des Arts and Crafts sont deux aspects qui permettent d’envisager ces lieux comme des terrains d’expérimentation sociale, au-delà de la stricte production. Dans la deuxième partie, la thèse se concentre sur les valeurs d’ouverture et de partage prônées par les amateurs, bricoleurs, makers ou inventeurs contemporains. L’hypothèse d’un design ouvert et participatif conçu hors des standards de la production industrielle de masse est examinée. L’« open design » place la production d’objets dans le sillage de l’open source. Les résultats de ce type de production dessinent les contours encore fl ous d’un territoire nouveau pour le design.La troisième partie étudie les promesses et contradictions qui entourent la démocratisation de l’innovation et de la production. L’impression 3D est prise comme cas d’étude emblématique pour étudier les ambivalences de l’émancipation espérée par les porteparoles du mouvement maker. Ces pratiques hésitantes nourrissent les ramifi cations de ce que nous proposons d’appeler un design diffus. Celui-ci se développe par tâtonnements dans les communautés d’amateurs et touche à des activités créatives d’invention, de Conception et de fabrication.L’étendue rhizomatique des manières de faire propresau design diff us est composée d’objets sans apparat,situés dans les marges de l’industrie. Selon la défi nitionqui en est proposée, ils sont conçus de manière ouverteet documentée dans l’objectif d’explorer et de contribuerà la découverte des technologies de la fabricationnumérique personnelle. Sans constituer de paradigmeclos, le design diff us détourne les normes instituées etles procédures classiques du design et de l’industriepour proposer une conception exploratoire et ouverte dela fabrication.