Thèse soutenue

Addictions et traumatismes, de l’évitement à la répétition élaborative : le recours à l’objet d’addiction comme recherche d’élaboration des expériences traumatiques précoces et actuelles

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Auteur / Autrice : Alexandre Sinanian
Direction : François PommierGérard Pirlot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 26/02/2016
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Connaissance, langage, modélisation (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CLInique PSYchanalyse Développement (2014-... ; Nanterre)
Jury : Président / Présidente : Magali Ravit
Examinateurs / Examinatrices : François Pommier, Gérard Pirlot, Magali Ravit, Didier Drieu, Nathalie de Kernier
Rapporteurs / Rapporteuses : Magali Ravit, Didier Drieu

Résumé

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La question du lien entre traumatisme et addiction fait aujourd’hui l’objet de multiples recherches psychopathologiques, épidémiologiques ou encore neurobiologiques. Dans une approche psychodynamique, ce travail de thèse propose d’explorer le sens de la répétition compulsive addictive sous l’angle du traumatisme psychique. Il interroge en quoi le recours aux addictions traduit, aux côtés des effets négatifs de déliaison et d’anesthésie psychique, qui luttent contre le retour de l’expérience traumatique, une recherche insistante d’élaboration des situations extrêmes de la subjectivité. En effet, la traumatophilie addictive vient également dans un mouvement sensoriel extrême auto-administré, réactualiser les expériences de détresse primaire en attente d’intégration, effet positif du traumatisme. A partir d’une méthodologie croisée à dominante qualitative composée d’outils standardisés (MINI et TAS-20), d’épreuves projectives (Rorschach et TAT) et d’entretiens non-directifs de recherche, nous rencontrons 6 sujets hospitalisés pour sevrage de leur addiction aux substances psychoactives, ainsi que pour leurs troubles psychotraumatiques. Nous discutons de l’impact des traumatismes se révélant hypercomplexes et multicausales et constatons qu’il est nécessaire, en parralèle à des événements de vie potentiellement traumatiques, d’être attentif aux traumas liés à la qualité de la relation à l’objet primaire et aux atteintes de l’intégrité corporelle. Nous repérons des fonctions de protection ou encore de réparation narcissique, tout en considérant pour autant qu’il ne s’agit plus uniquement d’envisager le défaut de mentalisation et de contenance ni le besoin de lever l’addiction, pour accéder au vécu traumatique. En effet, les formes d’addictions traumatiques représentent également une tentative de retournement passif-actif par l’emprise, cherchant paradoxalement à soigner le mal en s’infligeant un autre mal « contrôlé », soit d’avoir le sentiment d’être acteur de son existence, quand bien même c’est au prix de l’autoconservation. Elles sont notamment porteuses d’un message adressé à l’objet, et révélatrices des traumatismes en attente de contenance et d’interprétation. Les traumas narcissiques risquent, si l’expérience ne peut s’historiser, de continuer inlassablement à se répéter corporellement si personne ne se prête à entendre la recherche insistante de figuration et de symbolisation contenue dans les mises en acte addictives.