Thèse soutenue

Les Épîtres des Frères en Pureté (Rasāʾil Iḫwān aṣ-ṣafā), une pensée de la totalité : établissement de la paternité historique et commentaire philosophique de l’ouvrage

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Auteur / Autrice : Guillaume de Vaulx d'Arcy
Direction : Marwan Rashed
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 19/11/2016
Etablissement(s) : Paris 4
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Concepts et langages (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches sur la pensée antique (Paris)
Jury : Président / Présidente : Rémi Brague
Examinateurs / Examinatrices : Carmela Baffioni, Abdallah Cheikh-Moussa, Peter Adamson

Résumé

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Les Épîtres des Frères en Pureté forment une encyclopédie des sciences philosophiques (au sens hégélien) composée par Aḥmad b. aṭ-Ṭayyib as-Saraḫsī vers 280/894 à partir des travaux effectués par les Frères en Pureté, héritage du « cercle d’al-Kindī ». Le système trouve ses fondations dans l’arithmétique de Nicomaque de Gérase, est composé de la science kindienne, et s’élève sur les préoccupations politiques d’al-Ǧāḥiẓ, mais réalise une construction philosophique originale. Historiquement, une fois démontrée l’unicité du rédacteur, établi qu’Abū Ḥātim puise sa réfutation d’Abū Bakr ar-Rāzī dans la doctrine rasaélienne de l’héritage scientifique des prophètes, compris que les Rasāʾil sont alimentées par le kindisme, repéré que le seul héritier d’al-Kindī apte à cette entreprise est as-Saraḫsī, la comparaison des fragments saraḫsiens avec les épîtres révèle l’identité de style et de doctrine. L’identification de surcroît d’as-Saraḫsī au réviseur de l’Introduction arithmétique de Nicomaque autorise à postuler un système philosophique fondé mathématiquement. Préoccupées par le problème ontologique de la diversité du réel sous l’unité du Créateur, par le problème épistémologique de la divergence des méthodes et des doctrines scientifiques et religieuses malgré l’unité de la vérité et par le problème politique de la discorde malgré l’interdépendance des hommes, les Rasāʾil Iḫwān aṣ-Ṣafā entreprennent d’unifier la multiplicité empirique des êtres, de coordonner les savoirs et de réconcilier les hommes en une communauté vertueuse au moyen de trois concepts mathématiques : par leur origine dans l’émanation des êtres à partir du Créateur exprimée par la suite arithmétique, dans leur structure par la compréhension des analogies et des puissances entre les choses que révèle le rapport harmonique, et dans leur finalité au moyen de l’abstraction géométrique des formes hors de la matière constituée en modèle initiatique des âmes à la séparation d’avec le corps.