Formes, fonctions et enjeux de l’amitié, en Orient musulman, aux IVe/Xe et Ve/XIe siècles
Auteur / Autrice : | Hélène Raymond |
Direction : | Abdallah Cheikh-Moussa |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études arabes |
Date : | Soutenance le 03/12/2016 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Civilisations, cultures, littératures et sociétés (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Orient et Méditerranée (Ivry-sur-Seine, Val de Marne ; 2006-....) |
Jury : | Président / Présidente : Brigitte Foulon |
Examinateurs / Examinatrices : Antonella Ghersetti, Dimitri El Murr, Marwan Rashed |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
A l’instar de la philia dans l’Antiquité grecque, l’amitié en Orient musulman aux IVe/Xe et Ve/XIe siècles ne se réduit pas à la relation affective de personne à personne que nous voyons en elle aujourd’hui. Elle déborde le strict domaine de l’intimité pour dire la vie en communauté et renvoyer à une exigence de fraternité humaine généralisée. Elle participe ainsi à la constitution de groupes sociaux comme celui des raffinés à l’intérieur de l’espace aulique chez al-Waššā’, elle préside, d’après al-Sulamī, au compagnonnage spirituel des disciples rassemblés autour du maître soufi, elle concourt encore à la formation, à la cohésion et au maintien, en une totalité unifiée, du groupe des Iḫwān al-Ṣafā’, dont les membres sont déjà réunis par leur adhésion à une doctrine philosophique originale. La capacité unificatrice qu’elle recèle et les valeurs morales qu’elle promeut l’érigent, selon al-Tawḥīdī et Miskawayh, en un idéal sur lequel se régler pour ourdir la toile sociale et remédier à l’insociabilité et aux divisions qui marquent l’Empire oriental musulman à l’époque ici considérée. Dans une optique religieuse, chez al-Ġazālī, sa pratique particulière comme amitié en Dieu, orientée vers le transcendant, tend à vider le cœur de l’homme de la présence du moi pour laisser place au Très-Haut, elle contribue alors à l’élaboration d’une éthique véritablement musulmane et permet de redonner vie religieuse effective à la communauté musulmane (umma). L’amitié entre l’homme de lettres et l’homme de pouvoir, prônée par al-Tawḥīdī, peut en outre jouer un rôle politique, en ce qu’elle modifie les rapports traditionnels entre le conseiller et le prince.