Thèse soutenue

L'internationalisation des grandes écoles d'ingénieurs françaises : une recomposition de la noblesse d'Etat

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Auteur / Autrice : Adrien Delespierre
Direction : Anne-Catherine Wagner
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 23/11/2016
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale d'Économie (Paris ; 2004-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre européen de sociologie et de science politique (Paris ; 2010-....)
Jury : Président / Présidente : Muriel Darmon
Examinateurs / Examinatrices : Anne-Catherine Wagner, Pierre François
Rapporteurs / Rapporteuses : Frédéric Lebaron, Charles Gadéa

Résumé

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Les grandes écoles d’ingénieurs font, depuis les années 1980, l’objet de critiques annonçant la fin d’un modèle en déclin, condamné à disparaître ou à s’adapter aux exigences de la « mondialisation » ; elles sont ainsi amenées à se redéfinir de manière à préserver leur légitimité. Sont notamment pris pour cible plusieurs traits hérités de la période qui s’étend de l’Ancien Régime à la Restauration, et dont la combinaison fait la spécificité nationale de ces établissements : élitisme scolaire, recrutement sur concours à l’issue des classes préparatoires, petite taille des effectifs d’élèves, enseignement à vocation théorique et généraliste, et distance marquée vis-à-vis du monde professionnel. À travers ces propriétés particulières du système français des grandes écoles, les attaques des réformateurs mettent en question le rapport étroit qui le lie traditionnellement à l’État. Ce travail entreprend d’analyser la manière dont les écoles d’ingénieurs ont modifié leur structure, leur recrutement et leurs programmes pédagogiques pour intégrer ces injonctions à « s’internationaliser », terme ambigu dont on tâche de déconstruire le sens : l’examen des nouvelles formes de compétition entre grandes écoles d’ingénieurs montre notamment que les évolutions du modèle français de la formation des élites ne bouleversent pas pour autant les principes d’organisation et de hiérarchisation du champ national. L’étude de la circulation internationale des élèves ingénieurs amène également à nuancer l’hypothèse d’un « marché éducatif mondial » se substituant progressivement aux États. On s’interroge enfin sur les métamorphoses de ce que Bourdieu désignait comme la noblesse d’État, et sur la question de savoir en quoi elle constitue une élite en voie d’internationalisation.