La violence et le silence : politiques de réconciliation, relations interpersonnelles et pratiques sociales de coexistence au Katanga, RDC
Auteur / Autrice : | Sandrine Vinckel |
Direction : | Richard Banégas |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences politiques |
Date : | Soutenance le 30/06/2016 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de science politique (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Centre d'études des mondes africains (Paris ; 2006-2014) |
Laboratoire : Institut des mondes africains (France ; 2014-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Johanna Siméant-Germanos |
Examinateurs / Examinatrices : Richard Banégas, Sandrine Lefranc | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Benjamin Rubbers, Élisabeth Claverie |
Résumé
A partir de l'étude des interactions quotidiennes entre Katangais et Kasaïens, après les violences de masse perpétrées contre les Kasaïens « non originaires» au début des années 1990, la thèse montre que les Katangais et les Kasaïens mettent en œuvre, dans le cadre de leurs interactions en face-à-face (Goffman), des pratiques de coexistence fondées sur l'évitement, le silence et les non-dits. Le silence sur les violences passées et l'évitement des sujets politiques interprétables en fonction du conflit entre les deux communautés constituent en fait une norme interactionnelle de coexistence pacifique, à rebours de l'injonction au dialogue et à la compréhension mutuelle, qui est au cœur des pratiques des ONG de pacification « par le bas». La thèse montre également que dans certains contextes politiques ou socio-économiques macros constituant des situations de crise (Dobry ; Vidal), se produit un phénomène de polarisation des identités collectives : les Katangais et les Kasaïens ne sont alors plus perçus que par rapport à leur origine ethno-régionale. L'anticipation du déroulement des situations d'interaction devient plus difficile, du fait de I' « incertitude structurelle» qui caractérise ces situations de crise; et les pratiques routinisées de coexistence fondées sur l'autocensure et l'évitement tendent à diminuer. A partir de ces conclusions, la thèse interroge les injonctions morales à la réconciliation et au dialogue, qui sont à l'œuvre dans les théories et pratiques de pacification «par le bas», et la possibilité même d'une réconciliation «par le bas», diffusant de proche en proche une « culture de la paix » qui finirait par imprégner toute une société.