Thèse soutenue

Conflits reproductifs chez un primate social vivant en milieu naturel, le babouin chacma (Papio ursinus)
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Auteur / Autrice : Alice Baniel
Direction : Michel RaymondElise Huchard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Écologie, évolution, ressources génétiques, paléobiologie
Date : Soutenance le 09/05/2016
Etablissement(s) : Montpellier
Ecole(s) doctorale(s) : GAIA (Montpellier ; École Doctorale ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences de l'évolution (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Peter M. Kappeler
Examinateurs / Examinatrices : Michel Raymond, Elise Huchard, Peter M. Kappeler, Stuart Semple, Claire Doutrelant, Aurélie Cohas
Rapporteurs / Rapporteuses : Peter M. Kappeler, Stuart Semple

Résumé

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Chez les espèces sociales, les individus des deux sexes peuvent interférer avec la sexualité et les alliances sociales des femelles, ce qui peut influencer les stratégies reproductives des femelles. Un regain d'intérêt récent pour l'action de la sélection sexuelle chez les femelles a mis en évidence que la compétition entre femelles pour monopoliser les ressources reproductives, comme les partenaires sexuels ou les soins aux petits, est prévalente. Cependant, jusqu'à présent, la compétition reproductive entre femelles a reçu peu d'attention chez les espèces polygynes. Nous avons donc étudié les déterminants de la compétition reproductive entre femelles dans une société primate polygyne, dans une population naturelle de babouins chacma, en Namibie. Nos résultats montrent que l'agression est plus intense entre les femelles qui sont en synchronie reproductive et associées à un même mâle, avec qui elles entretiennent des liens sociaux et sexuels préférentiels, et qui est souvent le protecteur et le père de leur petit. De plus, les femelles gestantes et en lactation harcèlent les femelles qui copulent avec leur mâle, probablement afin d'empêcher de nouvelles conceptions avec celui-ci. La compétition pour les soins des mâles semble donc contribuer à façonner les stratégies reproductives des femelles chez les espèces polygynes où ceux-ci apportent d'importants bénéfices aux femelles. Nous avons ensuite étudié les contraintes exercées par les mâles sur la sexualité des femelles. Mâles et femelles ont souvent des optimaux reproductifs divergents, donnant lieu à l'expression d’un conflit sexuel. Chez certaines espèces, les mâles recourent à la coercition sexuelle en agressant les femelles régulièrement afin de les obliger à s'accoupler avec eux-mêmes, ou de les empêcher de s'accoupler avec leur rivaux. Nous avons testé si l'agression dirigée par les mâles vers les femelles a une fonction de coercition sexuelle chez le babouin chacma. Nos résultats indiquent que l'agression des mâles vise en particulier les femelles sexuellement réceptives, augmente le succès d'accouplement immédiat des mâles avec la femelle harcelée et ses chances de la monopoliser lors de l'ovulation, à l'appui de l'hypothèse de coercition. Dans l'ensemble, cette étude permet d'améliorer notre compréhension des déterminants, de l'intensité, et des conséquences évolutives des contraintes sociales qui s'exercent sur la sexualité des femelles dans une société primate polygyne. Elle montre également que les conflits reproductifs jouent un rôle primordial pour structurer les relations entre les femelles d’une part, et entre les sexes d’autre part.