Le rôle de l'alexithymie dans l'étiopathogénie de la psychose non décompensée
Auteur / Autrice : | Marie-Stella Marehin |
Direction : | Isabelle Boulze |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | PSYCHOLOGIE spécialité Neuropsychologie et psychopathologie |
Date : | Soutenance le 01/12/2016 |
Etablissement(s) : | Montpellier 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Territoires, Temps, Sociétés et Développement (Montpellier ; 1991-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : EPSYLON - Dynamique des capacités humaines et des conduites de santé |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Louis Pujol |
Examinateurs / Examinatrices : Sophie Martin | |
Rapporteur / Rapporteuse : Lydia Fernandez |
Mots clés
Résumé
Cette étude démontre que l’alexithymie primaire nous oriente vers la présence de troubles schizophréniques. Comme hypothèse, nous formulons que : «l’alexithymie est un trait de personnalité dans la schizophrénie responsable de la toxicomanie et du recours aux traitements méthadone. La méthadone est une suppléance dans la psychose». L’intérêt de cette recherche est double : sur le plan clinique, elle souligne l’importance du repérage des troubles émotionnels et de la personnalité en addictologie. Elle précise que la TAS-20 et MMPI-2 sont des outils d’aide au diagnostic de la schizophrénie ; sur le plan thérapeutique, le repérage de ces affections permettra de traiter simultanément les comorbidités associées et de guider la prise en charge. L’approche de la schizophrénie à partir du concept d’alexithymie nous inscrits dans une approche intégrative(neuropsychatrique et psychodynamique). Dans un premier volet, nous avons réalisé une étude longitudinale avec suivi de 6 mois chez des toxicomanes sous TSO, admis au CSAPA de Montpellier. Le groupe contrôle est composé 28 toxicomanes sans trouble avéré. Six mois après, 15 usagers ont mené l’étude à son terme (âge=35ans ; ET=6,43). 11 toxicomanes atteints de troubles(âge= 39 ans ; ET= 6,9) constituent le groupe expérimental. La procédure consistait à diagnostiquer les troubles de la personnalité dans le groupe contrôle ; à évaluer la dépendance aux drogues et le niveau d’alexithymie au sein des groupes. Nous avons eu recours à : le MMPI-2 pour le diagnostic des troubles ; la DAST-20 pour le repérage de la dépendance (DSM-IV) et la TAS-20 pour la mesure de l’alexithymie. La TAS-20 a été administrée pendant le traitement et six mois après. Les résultats au MMPI-2 décrivent une prévalence de troubles schizophréniques 33% et de protocoles invalides 20%. La DAST-20 présente un faible niveau de dépendance dans le groupe contrôle 1.93 et expérimental 1.49. Dans le groupe contrôle, les scores d’alexithymie et ses sous-dimensions augmentent six mois après le traitement. L’alexithymie est un trait (z=.21 ; p=.834) et un état de la personnalité (r=.621*; p=.013). Dans le groupe expérimental, la TAS-TOT confirme une diminution des scores, mais l’analyse des sous-dimensions admet que cette baisse est non significative. L’alexithymie est un trait de la personnalité (z=.4 ; p=.689).Des hauts scores d’alexithymie sont observés chez les toxicomanes diagnostiqués schizophrènes des deux groupes. L’alexithymie est un trait (z=1.21 ; p=.225) et un état (r=.90* ; p=.015) de la personnalité chez les schizophrènes du groupe contrôle. En ce qui concerne les schizophrènes du groupe expérimental, la diminution des scores TASTOT 63% et 57% invalide sa dimension primaire. Dans le second volet, l’analyse du discours a permis de déceler des unités signifiantes spécifiques à l’alexithymie et à la psychose. La méthodologie est centrée sur des cas cliniques. Des entretiens semi-directifs avec pour support un guide d’entretien ont été réalisés chez des toxicomanes sans trouble de la personnalité (groupe contrôle). Ils ont été retranscrits sur papier selon la méthode analytique. Nous avons recours aux paradigmes psychanalytique, phénoménologique et psychosomatique. La description narrative s’est élaborée sur quatre temps : le contexte anamnestique, l’expression des sentiments, l’entrée dans la toxicomanie et au Programme Méthadone. L’analyse des récits atteste un ensemble de signes cliniques qui résultent de la non extraction de l’objet a, prototype de la psychose. L’alexithymie se traduit sur le plan clinique par relation la blanche. En définitive, les résultats de l’analyse mixte admettent que l’alexithymie est présente dans la toxicomanie et dans la schizophrénie. Chez le toxicomane, le score élevé d’alexithymie est un indice diagnostic de schizophrénie, indépendamment de sa nature primaire ou secondaire.Mots clés: schizophrénie-alexithymie-toxicomanie-méthadone-buprénorphine-suppléance.