Thèse soutenue

Squamates du Pléistocène supérieur et de l'Holocène de l'archipel guadeloupéen : évolution de la biodiversité et interactions avec l'Homme

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Auteur / Autrice : Corentin Bochaton
Direction : Ivan IneichAnne Tresset
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Archéozoologie, Paléontologie
Date : Soutenance le 23/11/2016
Etablissement(s) : Paris, Muséum national d'histoire naturelle
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de systématique, évolution, biodiversité (Paris ; 2009-....) - Archéozoologie, archéobotanique : sociétés, pratiques et environnements (Paris)
Jury : Président / Présidente : Robert Chenorkian
Examinateurs / Examinatrices : Ivan Ineich, Anne Tresset, Robert Chenorkian, Josep Antoni Alcover, Zbyněk Roček, Sandrine Grouard, Salvador Bailon
Rapporteurs / Rapporteuses : Robert Chenorkian, Josep Antoni Alcover

Mots clés

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Résumé

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L’impact actuel de l’Homme sur la biosphère affecte l’ensemble des organismes vivants et des milieux. Il est souvent considéré comme étant à l’origine de la 6ème crise d’extinction de masse. La quantification des effets de ce phénomène est cependant complexe car certains ont débuté bien avant que les scientifiques ne s’intéressent à ces questions et ne produisent des données de référence. Ce problème est tout particulièrement manifeste dans les milieux les plus fragiles, telles que les îles, dont les écosystèmes ont pu être bouleversés par l’Homme de manière très rapide et cela avant que leur biodiversité n’ait été documentée. Dans ce cas, les ossements fossiles s’avèrent être les uniques vestiges témoignant de l’existence passée de faunes parfois éteintes. Ils deviennent donc l’unique fenêtre permettant d’entrevoir la biodiversité ancienne de ces milieux. Mon travail de thèse se questionne sur la biodiversité passée au sein de l’archipel de la Guadeloupe (Antilles françaises) à travers l’exemple des reptiles squamates (lézards et serpents). L’étude de près de 40 000 ossements issus de 31 sites archéologiques et paléontologiques datant de la fin du Pléistocène (30 000 B.P.) à nos jours, a permis de mettre en évidence l’évolution de la diversité de ces vertébrés dans le temps ainsi que de leurs relations avec les différentes populations humaines. Ces résultats ont été obtenus grâce à l’utilisation de diverses méthodes (anatomie comparée, morphométries traditionnelle et géométrique, paléohistologie et archéozoologie, récits des premiers voyageurs) et grâce au développement d’approches méthodologiques spécifiques aux squamates. Les données obtenues font état de l’impact limité sur les faunes par les populations humaines amérindiennes ayant occupé la Guadeloupe pendant plus de 4000 ans jusqu’au 17éme siècle. En effet, bien qu’ayant chassé certains squamates (iguanes et améives) et probablement participé à un enrichissement de la faune, les Amérindiens ne semblent pas avoir contribué à appauvrir la biodiversité des squamates guadeloupéens. En revanche, les données fossiles plus récentes démontrent un fort impact sur les faunes de squamates exercé par les populations européennes qui colonisent ces îles à partir du XVIIème siècle. L’effet de cette seconde vague de colonisation se manifeste par la transformation morphologique de certains taxons (réduction de taille, réduction de variabilité morphologique) et par une série d’extinctions totales ou partielles d’espèces (restriction d’aire géographique). Ainsi, le taux d’extinction des squamates de Guadeloupe est estimé entre 47 et 56% depuis 300 ans. Cette vague d’extinctions s’oppose à l’apparente stabilité de la faune des squamates que révèle le registre fossile du Pléistocène et de la première moitié de l’Holocène. Ces résultats démontrent l’intérêt de l’étude minutieuse des faunes fossiles récentes pour une meilleure compréhension de l’impact de l’Homme sur son milieu au cours du temps, un domaine encore relativement peu développé, tout particulièrement pour ce qui concerne les squamates.