Tragédie et Individuation
Auteur / Autrice : | Rémi Guelpa |
Direction : | Bruno Pinchard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 06/02/2016 |
Etablissement(s) : | Lyon |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de philosophie (Lyon ; Grenoble ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement opérateur de soutenance : Université Jean Moulin (Lyon ; 1973-....) |
Jury : | Président / Présidente : Pierre Caye |
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Caye, Gilles Marmasse, Michel Fattal | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Pierre Caye, Gilles Marmasse |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
La pensée nietzschéenne a souvent été soumise à un découpage intellectuel. Une première période schopenhauerienne avec l’écriture de La naissance de la tragédie, une deuxième proche de Voltaire et des Lumières débutant par Humain, trop humain, et enfin une troisième période, celle du Gai savoir, du Zarathoustra jusqu’aux terribles Dithyrambes de Dionysos. Cependant certains auteurs, comme Granier ou Fink, ont remarqué la résurgence des premiers thèmes dans cette dernière période dite exclusivement dionysiaque. Ces problématiques, ces interrogations, ce sont celles qui gravitent autour du problème de la tragédie. Or reconnaître que Nietzsche n’a de cesse de revenir, à la fin, vers cette « première transvaluation de toutes les valeurs », c’est reconnaître un lien indéniable entre La naissance de la tragédie et le Zarathoustra. Nous proposons par conséquent d’interroger la figure apollinienne de l’individuation et celle du Tout dionysiaque au-delà de cette première publication. La tragédie n’est-elle pas alors le cœur de la pensée nietzschéenne ? la cohérence qui lui fait si souvent défaut ? Cependant cette lecture va bien souvent à l’encontre de l’héritage nietzschéen, qu’il s’agisse d’un romantisme atavique (Bertram) ou de l’hégémonie conceptuelle (Deleuze). Si bien que penser le retour d’Apollon sur la scène tragique, penser l’individuation au travers du Zarathoustra et des dithyrambes, c’est repenser le fondement mythique chez Nietzsche, non pas à la manière d’une anecdote, ni dans l’assimilation d’un cliché à abattre, mais dans la problématique de l’ego fatum et de l’affirmation illimitée du surhomme. Reconnaître dans la volonté de puissance la puissance du mythe, c’est donc indéniablement se confronter à la violence du nihilisme, tant d’un point de vue schopenhauerien, que d’un point de vue parfaitement moderne. C’est le problème politique de la révolte (Camus), de la résurrection (Franck), de la chair (Stiegler). Dans le dilemme d’un passé victorieux, d’un Nietzsche wagnérien, ou d’un plan d’immanence révolutionnaire, le concept comme meurtre des identités, n’est-il pas nécessaire de recadrer la volonté de puissance au sein d’un Éternel retour tragique plutôt qu’au sein d’un Éternel retour sélectif et meurtrier ? N’est-il pas indispensable de recouvrer l’identité d’Apollon pour admettre sa nécessaire extinction, la « mort volontaire » ?