L’éthique au risque de son institutionnalisation : l’Événement est-il possible au sein des machines à guérir hospitalières ?
Auteur / Autrice : | Roland Chvetzoff |
Direction : | Jean-Philippe Pierron |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 22/06/2016 |
Etablissement(s) : | Lyon |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de philosophie (Lyon ; Grenoble ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement opérateur de soutenance : Université Jean Moulin (Lyon ; 1973-....) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Éric Fiat, Jérôme Goffette, Jacques Gaucher, Gilles Freyer |
Rapporteur / Rapporteuse : Éric Fiat, Jérôme Goffette |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L’éthique en santé bénéficie aujourd’hui d’un cadre réglementaire et normatif incitatif, obligeant les établissements à déployer une réflexion éthique. Mais cette éthique qui a lieu dans nos institutions de santé se prête-t-elle sans risque à son institutionnalisation ?Car en effet les institutions de santé sont devenues aujourd’hui des « thérapeutiques » qui obligent à des légitimes objectivation et nécessitent une organisation en machines à guérir hospitalières. Des machines où la question du mal est relativisée, voire déniée au profit du bien : il n’y a plus de mal, tout au plus des maux qu’il convient de gérer et de traiter avec des outils technoscientifiques et de gestion. Or « la question éthique ne se pose que par le fait que le mal existe ». Les machines à guérir déploient un arsenal de dispositifs dont l’intentionnalité est de guérir, mais également d’empêcher que ne survienne tout événement indésirable (Éi). Il s’agit bien sûr de guérir de la maladie, mais également de guérir d’un risque : celui de l’événement. Mais l’événement est récupéré par la machine hospitalière pour être requalifié en Éi. L’événement est vécu comme un Éi que le « qualéthicien » fera passer au crible du « pourquoi ? » à la recherche d’une causalité vulgaire. Ici apparaît tout l’enjeu de l’institutionnalisation de l’éthique : amener les institutions à faire de l’Éi un « événement désirable » en faisant culminer les professionnels dans l’événement, au lieu de chercher à réduire ce dernier à une causalité certaine. Car « le mal est sans pourquoi », mais nous nous devons de le combattre. Penser l’institutionnalisation de l’éthique, c’est être attentif à la dialectique de la structure et de l’événement comme synthèse ajournée. Cette non-synthèse permet de penser et la machine et l’événement comme deux concepts indissociables. Au delà de l’Ei, l’événement éthique (ÉÉ) apparaît comme la possibilité de survenue du mal. Car une éthique dont l’objectif serait d’éradiquer le mal viserait également à éradiquer la liberté.