Le patrimoine martyr et la restauration post bellica : théories et pratiques de la restauration des monuments historiques en Europe pendant et après la Seconde Guerre mondiale
Auteur / Autrice : | Nicolas Detry |
Direction : | Vincent Veschambre |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Architecture |
Date : | Soutenance le 19/11/2016 |
Etablissement(s) : | Lyon |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Environnement, ville, société (Lyon ; 1995-....) |
établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....) | |
Laboratoire : Environnement, ville, société | |
Jury : | Président / Présidente : Chris Younès |
Examinateurs / Examinatrices : Chris Younès, Gabriele Dolff-Bonekaemper, Yves Winkin, Éric Charmes, Claudio Varagnoli, Claudine Houbard |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La destruction des villes et des monuments historiques a connu une ampleur sans précédent durant la guerre 1939-1945. La reconstruction après 1945 s’inscrit dans un moment de profonde mutation pour l’histoire du monde. La restauration post bellica des monuments historiques s’inscrit dans le vaste chantier de la Reconstruction territoriale et politique de l’Europe ; il s’agit l’intervention architecturale sur la ruine produite par la guerre. Il existe ''mille façons'', de protéger, de détruire, puis de restaurer les œuvres d’art et d’architecture lors des conflits armés. Le sujet de cette thèse réside dans ces trois actions : protéger, détruire et restaurer. Elles sont un travail de l’homme. Deux actions, protéger et restaurer participent à des enjeux positifs pour les sociétés indépendamment du lieu ou du temps. L’action, ''détruire'', porte des signes négatifs, hier comme aujourd’hui, l’action de détruire dépend ou procède de conséquences géopolitiques très complexes. Le sujet de cette thèse concerne notamment deux aspects de la restauration des œuvres d’art et des œuvres d’architecture de 1945 à aujourd’hui. Le premier aspect peut être nommé ''les théories'', le second aspect ''les pratiques''. Les deux sont indissociables, dans un processus réflexif où la pratique vient valider ou invalider la théorie, tandis que la théorie se base sur la pratique dans son élaboration. De l’intention d’étudier ces deux aspects, découle la problématique à laquelle je me suis particulièrement attaché ; celle-ci consiste à comprendre en quoi les destructions de la Seconde Guerre mondiale ont contribué à renouveler les théories et les pratiques en matière de restauration des monuments historiques ? J’ai identifié ce renouvellement pour ensuite le définir et le documenter, dans différents contextes spatio-temporels, à travers les 5 chapitres de ce travail. La restauration des monuments historiques après 1945 en Europe, est à la fois le sujet, le terrain et le corpus de cette thèse. Pour rester réaliste j’ai choisi de travailler cette question principalement dans trois pays d’Europe : l’Allemagne, la France et l’Italie. Il s’agit de 3 pays qui ont une longue tradition dans ce domaine. La restauration des monuments historiques après 1945, s’appuie sur l’acceptation ou le refus du drame de la perte. En Europe elle se développe selon quatre périodes que j’ai identifiées comme suit: de 1939 à 1945 la période bellica ; de 1946-1972 la période chaude de la Reconstruction; de 1973 à 1989 la période intermédiaire ; de 1990 à 2015 la nouvelle période chaude ou ''le patrimoine à l’état gazeux''. Le long chantier de la restauration des monuments historiques après 1945 est un laboratoire européen ou un ''collège invisible''. Dans ce laboratoire et à partir de la pratique de la restauration, travail alors colossal, urgent et nécessaire, sont élaborées des techniques et des théories toujours valides aujourd’hui. J’ai ici organisé l’analyse de la restauration post bellica autour de la question des lacunes, d’abord analysée d’un point de vue théorique. Ensuite, j’ai imaginé, de façon nouvelle, une typologie des lacunes en architecture afin d’expliquer d’un point de vue pratique et constructif ce qui vient après : la réparation ou ''la réintégration des lacunes''. J’ai identifié différentes familles de lacunes qui affectent les édifices anciens pris dans la guerre. Il m’a alors semblé possible de parler de lacunes à différentes échelles et indépendamment du type d’artefact touché. J’ai voulu guider le lecteur, dans le labyrinthe de la restauration post bellica, avec la lacune comme fil d’Ariane. Le trou ou la chute d’un fragment d’enduit dans une peinture murale, l’impact de mitraillette dans une façade en pierre, la chute des voûtes et des charpentes d’une église, les cassures dans les travées rythmiques d’une façade, l’écroulement complet de la nef ou de l’abside d’une église, la destruction de tissus urbains autour d'un monument...