Le pôle espoir à l'articulation du monde scolaire et du monde du sport de haut niveau
Auteur / Autrice : | Jessica Guyot |
Direction : | Claire Perrin, Gilles Combaz, Éric Boutroy |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de l'éducation |
Date : | Soutenance le 15/11/2016 |
Etablissement(s) : | Lyon |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Éducation, psychologie, information et communication (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : ECP - Éducation, Cultures, Politiques (Lyon ; 2011-....) |
opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Éric Dugas |
Rapporteurs / Rapporteuses : Gilles Vieille Marchiset, Philippe Terral |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La structure des pôles espoirs se caractérise par l’hébergement d’une formation sportive de haut niveau au sein même de la formation scolaire. Si les travaux sur la formation d’un sportif d’élite sont nombreux, l’essentiel des études est focalisé sur la socialisation à la performance sportive indépendamment de la socialisation scolaire. La présente recherche vise à équilibrer le regard entre le travail scolaire et le travail sportif dans le cadre d’une approche interactionniste des mondes sociaux en référence aux travaux de Becker (1982) et Strauss (1988). Elle s’appuie sur une enquête ethnographique de plus de trois ans réalisée dans deux pôles espoirs (rugby et natation synchronisée) choisis pour leurs structures similaires (internat, implantation urbaine) et surtout leurs caractéristiques différenciées (marquage genré, cultures sportives contrastées). Elle est complétée par 18 entretiens de recherche approfondis auprès d’élèves-sportifs, entraîneurs, professeurs et médecins. Il s’agit d’étudier ce que font concrètement les acteurs pour articuler le monde sportif au monde scolaire. Le pôle espoir est ainsi appréhendé comme une organisation dynamique et négociée au sein de laquelle le monde du sport de haut niveau et le monde de l’école sont amenés à interagir, à s’entrecroiser, voire à se chevaucher. Faire l’hypothèse de l’existence de mondes différenciés au sein d’un pôle espoir permet de saisir au travers de heurts et de négociations des conceptions singulières des situations dans lesquelles les acteurs sont engagés. Outre les temps ordinaires, la recherche accorde une attention particulière aux temps d’épreuve : blessures, contre-performances sportives, difficultés scolaires. En suspendant le rapport à l’évidence, ces temps d’épreuve vont permettre de mettre en exergue les logiques habituellement à l’œuvre, de révéler les ajustements mis en place par les différents acteurs (professeurs, directeur d’établissement, entraîneurs, mais aussi élèves-sportifs). L’ordre au sein d’un pôle espoir n’est pas seulement déterminé par les rôles dévolus à chacun et les règles qui les encadrent, mais par des interactions complexes, des négociations, des types de figuration (Goffman, 2003) des acteurs. La thèse donne accès à une représentation moins mécaniste et plus dynamique du fonctionnement des pôles espoirs, et met en lumière les investissements et négociations par lesquels s’instaure un déséquilibre au profit des activités sportives, que ce soit dans les temps ordinaires, comme dans les temps d’épreuve. L’approche en termes de mondes sociaux conduit à prendre en compte le travail de la famille et à introduire le monde de la santé pour comprendre l’articulation des activités étudiées. Par leur circulation entre les mondes et les différents types de figuration auxquelles ils sont contraints, les jeunes élèves-sportifs, s’avèrent des acteurs majeurs dans l’articulation des activités scolaires et sportives. Enfin les perspectives professionnelles et les systèmes de valeurs des disciplines sportives entraînent des ajustements différents auxquels l’étude approfondie des deux cas permet d’accéder.