Epistémologie et pratiques psychométriques
Auteur / Autrice : | Jean-Louis Bernard |
Direction : | Jean-Claude Régnier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de l'éducation |
Date : | Soutenance le 04/02/2016 |
Etablissement(s) : | Lyon |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de l'éducation, psychologie, information et communication (Lyon) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Interactions, corpus, apprentissages et représentations (Lyon, Rhône ; 2003-....) |
établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Jorge Tarcísio Da Rocha Falcão |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Claude Régnier, Jacques Pain, Jacques Cosnier | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Yvan Abernot |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Cette thèse expose les résultats d’une recherche praticienne inédite menée pendant plusieurs décennies auprès de psychologues du travail exerçant une fonction de sélection-orientation, dans un organisme public, auprès d’une population d’adultes dans des conditions professionnelles et techniques strictement identiques. Toute évaluation d’un potentiel intellectuel réalisée selon la méthode des tests psychométriques n’est pas réductible aux résultats obtenus. Ceux-ci doivent nécessairement être interprétés par le psychologue pratiquant l’examen. C’est une exigence méthodologique inhérente à la pratique des tests. Dans cette phase d’interprétation se trouve à l’œuvre un processus décisionnel que l’on peut supposer d’autant plus opaque qu’il est sous l’emprise d’un pouvoir discrétionnaire : celui du praticien en charge de l’évaluation. Cette nécessité du processus d’interprétation d’une performance obtenue à un test pourrait être de nature à contrarier, voire contredire, les règles de rigueur et de stricte objectivité de la méthode expérimentale à laquelle se référent les tests psychométriques. Il est donc légitime d’avancer l’hypothèse que la conclusion émise par l’évaluateur ne peut échapper pour une part à sa subjectivité. Ne résulte-t-il pas alors un hiatus induisant une rupture épistémologique ? L’ampleur des données recueillies à partir de près de 40.000 dossiers psychotechniques permet une étude différentielle de la « production » de ces psychologues du travail. Par une approche statistique, nous avons analysé la variabilité des interprétations et des décisions associées au sein de l’échantillon des évaluateurs. Il ressort des analyses des données qu’est confirmée l’hypothèse initiale d’un défaut, intrinsèquement lié à leurs mise en pratique, des techniques de tests psychométriques pour parvenir à un niveau d’objectivité satisfaisant permettant d’appuyer l’orientation des sujets candidats. Ces travaux de recherche qui réunissent en définitive les caractéristiques et les conditions d’une approche docimologique apportent une preuve supplémentaire que ces techniques d’évaluation ne sauraient prétendre au niveau d’objectivité scientifique dont elles se réclament. Ils mettent en évidence l’empreinte subjective liée à toute évaluation à base de tests psychométriques conduisant à s’interroger sur la pertinence des discours habituellement tenus sur l’utilité sociale de celle-ci.